Afrique : Un rapport accuse la France d’entretenir le chaos au Mozambique pour exploiter son gaz
Dans son rapport intitulé, « de l’eldorado gazier au chaos. Quand la France pousse le Mozambique dans le piège du gaz », des Amis de la Terre France, Mozambique et International dénoncent les intérêts français dans les mégaprojets gaziers en cours de développement au large du Mozambique.
Dans une région en proie à un conflit qui s’envenime, l’exploitation du gaz tourne déjà au cauchemar pour les populations de Cabo Delgado. Ce nouveau rapport épingle la France qu’il accuse de « corruption », « militarisation », « d’aggravation des dérèglements climatiques » et « violations »des droits humains.
« La difficulté qu’on aura collectivement, c’est d’expliquer à des pays pauvres qui découvrent des gisements, comment il va falloir se passer de ces hydrocarbures. […] Par exemple, le Mozambique découvre qu’il a de formidables gisements dans ses eaux territoriales. […] Il va falloir trouver des compensations dans l’économie internationale pour les aider à en sortir et les rendre moins dépendants de cela», déclarait Emmanuel Macron en janvier 2020 devant la Convention Citoyenne pour le Climat.
Contrairement aux déclarations du président français, le rapport détaille comment les pouvoirs publics de l’hexagone se sont activés depuis plusieurs années pour que les industriels du gaz, de l’armement et leurs banquiers profitent de l’eldorado gazier à 60 milliards de dollars au Mozambique, contribuant ainsi à enfoncer le pays dans la dépendance aux énergies fossiles.
Scandale
Ventes d’armes, financements publics, mêlant diplomatie économique, coopération militaire et corruption, c’est un véritable scandale d’Etat que les Amis de la Terre révèlent au fil du rapport, dans une région en proie à un conflit qui s’envenime et a déjà fait au moins 1 100 morts depuis octobre 2017.
« La France est bien décidée à assurer que cet eldorado gazier profite en premier lieu à “ses” multinationales, quitte à semer le chaos et amorcer une bombe climatique représentant sept années de ses émissions de gaz à effet de serre. Enliser la planète entière un peu plus dans la crise climatique, attiser les tensions dans une région qui s’embrase, se rendre complice de pratiques de corruption et de violations de droits humains : rien ne semble inquiéter le gouvernement, ni Total et ses banquiers », réagit Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre France.
« L’industrie fossile colporte un mensonge selon lequel le gaz serait une énergie de transition. Notre expérience de cette prétendue transition au Mozambique est plutôt celle de la liberté vers les violations des humains, de la paix vers le conflit, des communautés vivant de l’agriculture et de la pêche vers des populations affamées privées de leurs moyens de subsistance. La ruée vers le gaz, aggravant la crise climatique et ne profitant qu’aux multinationales et élites corrompues, doit cesser », ajoute Anabela Lemos, directrice de Justiça Ambiental (Les Amis de la Terre Mozambique).
Le rapport décrypte le rôle de la France dans une affaire qui a démarré en 2013 au détour d’un scandale de corruption lié à un contrat naval.
Les Amis de la Terre appellent le gouvernement français à mettre un point d’arrêt à la diplomatie du chaos, au service des industriels des énergies fossiles et de l’armement, en commençant par cesser de leur octroyer des aides publiques à l’exportation.
Au vu de la gravité des violations des droits humains, des risques environnementaux et climatiques, ils somment les entreprises françaises impliquées – banques privées comme Crédit agricole et Société Générale, industriels de l’énergie comme Total – de se retirer des projets gaziers au large du Mozambique et de renoncer à tout développement de nouveaux projets.
« La réalité de la diplomatie française au Mozambique est bien loin des beaux discours sur le développement et la lutte contre le dérèglement climatique en Afrique tenus par le président Macron sur la scène internationale. La France est bien décidée à assurer que cet eldorado gazier profite en premier lieu à ses multinationales, quitte à semer le chaos. Enfoncer la planète entière un peu plus dans la crise climatique, contribuer à la déstabilisation d’une région, se rendre complice de pratiques de corruption et de violations de droits humains : rien ne semble inquiéter le gouvernement, les majors et parapétroliers français ainsi que leurs banquiers », conclut le rapport.
© Armand Ougock [ Afrique54.net] Contact ► +237 670148354
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