Gabon : Une « Monarchisation » du pays aux yeux de l’opposition
Après avoir hérité du fauteuil de son père, Ali Bongo Ondimba Chef de l’Etat, fait nommé son fils ainé Noureddin Bongo Valentin, coordinateur général des Affaires présidentielles et soupconné de le préparer pour les futures échéances.
Au Gabon, quelques jours après un remaniement du gouvernement, qui a notamment vu Brice Laccruche Alihanga quitter l’équipe pour être interpellé, c’est une grande frayeur qui traverse la classe politique. L’arrivée de Noureddin Bongo Valentin, fils du président comme coordonnateur général des affaires présidentielles, vient davantage crisper l’atmosphère.
Dans un contexte où le président gabonais Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis dix et affaiblit par un AVC, fait parachuter son fils aîné au palais, pour l’épauler dans la gestion des affaires de la présidence.
Une caporalisation du pouvoir
Dans l’opposition gabonaise, certains dénoncent cette nomination en évoquant une sorte de « monarchisation » du pays. Après que lui-même le Président Ali Bongo ait succédé à son père à la tête du pays, c’est au tour de son fils Valentin de se positionner sur liste des probables dauphins. C’est le cas du parti du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), qui voit d’un mauvais œil cette ascension.
« Il y a déjà quelque temps qu’une partie de la famille affichait cette volonté de vouloir imposer, coûte que coûte, ce jeune monsieur, qui se retrouve là, aujourd’hui. Celui qui était censé lui ouvrir la voie ayant explosé…aujourd’hui, on le jette avec toute sa bande en prison, dans un contexte de procédure expéditive et on sort la carte qui devrait garantir la préservation du pouvoir pour le pouvoir. Nous nous opposons à cette monarchisation. Le Gabon n’est pas la propriété d’une famille et ne se laissera faire par cette nouvelle imposture », affirme son président Alexandre Barro Chambrier.
Une assistance voilée
Si sur les réseaux sociaux, certains parlent d’une volonté pour la famille Bongo de créer une monarchie au Gabon, d’autres évoquent par contre, une assistance maquillée d’un Président frappé d’incapacité. Toute chose que récuse le porte-parole de la présidence de la République, Jessye Ella Ekogha. Qui met revenu en avant, les capacités intrinsèques de Valentin dans le choix de sa nomination. « le fils du Chef de l’Etat avait toutes les compétences requises ». Du côté du parti Les Démocrates, Guy Nzouba Ndama, son président, n’y voit aucune entrave. « Après tout ce que nous vivons depuis des semaines, je pense que le président avait besoin d’un homme de confiance », explique-t-il. Faisant référence à cette vaste opération anticorruption lancée le mois dernier, dans le cadre de laquelle de hauts responsables de l’administration, dont l‘ancien chef de cabinet de la présidence, Brice Laccruche Alihanga, ont été interpellés.
Un poste taillé sur mesure
Conformément au texte portant création et attributions du Coordonateur général des Affaires présidentielles présenté en Conseil de ministres, ce dernier assiste le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat et veille à la stricte application de ses décisions. Le choix porté par le chef de l’Etat gabonais sur son fils, intervient au moment où plusieurs responsables de la haute administration publique soupçonnés d’avoir fait mains basses sur les fonds du pays sont poursuivis par la justice. Valentin Noureddin Bongo est diplômé d la London School of Economics et de l’Institut d’Etudes Orientales et Africaines. Avant d’etre nommé à ce poste, il a occupé les fonctions de Directeur Général Adjoint d’Olam Gabon. Il dispose donc « d’une solide expérience professionnelle et d’une parfaite connaissance de la chose publique et du fonctionnement de l’État », rétorque Jessye Ella Ekogha.
Par Thierry Eba / Afrique-54.com / Afrique