Togo – Affaire Faure Gnassingbé / Agboyémé Messan Kodjo : La Cour de Justice de la CEDEAO se moque de qui ?

[ Dans son verdict du 22 mars 2022, la juridiction communautaire ouest africaine condamne plutôt l’État du Togo. ]

 

 

 

A5 NEWS – Pour nombre d’observateurs de la scène politique de la région d’Afrique de l’Ouest, cette décision juridique cache mal la volonté de la Cour de Justice de protéger Faure Gnassingbé Eyadema. Dans une affaire engageant directement la responsabilité du président, on ne doit pas faire porter le chapeau à l’État du Togo. A la lumière des données fournies par les deux parties, la Cour de Justice de la CEDEAO dit avoir tranché. L’État du Togo « a violé le droit à la liberté et à la sécurité de l’ancien Premier Ministre, garanti les articles 6, in fine de la Charte Africaine des Droits de l’homme, 9(2) du PIDCP et 9 de la DUDH. »

 

 

Une justice aux ordres

La Cour a également démontré que le défendeur(Togo), « par le biais de ses agents, a violé les droits du requérant Gabriel Messan Agbeyome Kodjo, en matière de liberté d’opinion et de garantie de la sécurité ». La décision prononcée par la Cour de Justice Communautaire de la Communauté Economique et Douanière des États de l’Afrique de l’Ouest ne surprend pas l’opinion. Les tribunaux africains sont comme des outils au service du politique. Ils accordent souvent leurs projections aux hommes d’États. Dans la plupart des pays où des dossiers mettant aux prises des présidents et des citoyens lambda ont été ouverts, la justice a rendu des verdicts controversés.

Dans le litige qui a été soumis à l’attention de la Cour de Justice Communautaire, l’on ne pouvait pas espérer mieux en matière de sentence. A l’heure actuelle, le président Faure Gnassingbé Eyadema fait figure de géant au niveau de la CEDEAO. Il jouit d’un statut spécial au sein de l’organisation régionale. L’homme est soutenu par ses pairs. On lui a attribué la fonction de régulateur politique dans la région d’Afrique de l’Ouest. C’est à lui que revient la charge de régler les crises institutionnelles en cours dans cette partie du continent africain. Gnassingbé Eyadema fils a les dossiers du Mali et du Burkina Faso sur sa table.

 

Les limites du folklore

L’héritier d’Eyadema père apparaît comme étant un sage. Il doit éteindre le feu dans les maisons de ses voisins. Pourtant dans sa propre demeure, le feu couve sous les cendres. Il a mauvaise presse parce qu’il a installé un État de non droit au Togo. Mais hors des frontières de son pays, il veut promouvoir la paix et la justice par tous les moyens. Les militaires maliens, guinéens et burkinabés sont choqués par cet état de chose. Jusqu’à ce jour, les pustchistes continuent de faire la sourde oreille face aux injonctions répétées de la Communauté Économique et Douanière des États de l’Afrique de l’Ouest.

Faure Gnassingbé Eyadema est conscient que sa voix ne porte pas. Surtout quand il s’agit de dénouer une crise institutionnelle. Récemment, il n’a pas fait le déplacement de Bamako où sa présence avait été annoncée en grandes pompes. En fait, des responsables de l’Afrique de l’Ouest agissant sous la coupole de la CEDEAO ont fait un tour au Mali pour s’entretenir avec les nouvelles autorités. Les débats devaient tournés essentiellement autour de la durée de la période transitoire. Le blocage sur cet aspect de la transition n’a pas été levé. Les autorités de la transition malienne ont dit ‘’niet.’’ D’après nos informations, le costume taillé aux mesures de la CEDEAO est trop étroit pour Bamako.

« Peut-on réussir à imposer la démocratie ailleurs pourtant dans son propre pays, on n’en est pas promoteur ? C’est la question. Les autorités maliennes pouvaient se montrées peu acariâtres, si elles avaient affaire aux dirigeants démocrates, » indique un politologue.

Autre chose, la CEDEAO présente les allures d’un syndicat régional de chefs d’États africains sous la houlette de Paris. Cette organisation régionale entretient des liens solides avec l’Elysée. Ce qui fait que derrière les injonctions de la CEDEAO se dégage un parfum hexagonal. Avec la montée du sentiment anti français en Afrique de l’Ouest en particulier et en Afrique en général, toutes les leçons venant des organisations sont repoussées.

 

© A5 NEWS

 

 

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