Plus de 5 000 attaques au cours des deux dernières années
NEW YORK, USA, le 04 Juin 2022 -/African Media Agency(AMA)/-Plus de 9 000 élèves, enseignants et universitaires ont été blessés ou tués lors d’attaques contre l’éducation dans le cadre d’un conflit armé au cours des deux dernières années, selon le rapport de 265 pages intitulé « Education under Attack 2022 » (« L’éducation prise pour cible – Rapport 2022 ») et publié aujourd’hui par la Coalition mondiale pour protéger l’éducation contre les attaques (Global Coalition to Protect Education from Attack, GCPEA). Plus de 5 000 attaques distinctes contre des établissements scolaires ou universitaires, ou leur utilisation à des fins militaire, et contre des élèves, étudiants ou enseignants ont été perpétrées en 2020 et 2021 ; il s’agit d’une hausse significative par rapport aux deux années précédentes.
Les chercheurs ayant rédigé « L’éducation prise pour cible – Rapport 2022 » ont constaté que le nombre d’attaques contre l’éducation et l’utilisation militaire des écoles a augmenté d’un tiers entre 2019 et 2020, et s’est poursuivi à ce rythme accru en 2021, même si les écoles et les universités du monde entier ont fermé pendant de longues périodes durant la pandémie de Covid-19. La GCPEA a constaté une augmentation des attaques dans des pays comme le Burkina Faso, la Colombie, l’Éthiopie, le Mali, le Myanmar et le Nigéria, ainsi qu’une émergence dans d’autres pays tels que le Mozambique et l’Azerbaïdjan, tandis que des tendances à la baisse ont été identifiées au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen. Les attaques se sont intensifiées en 2022 : plus d’un millier d’écoles et d’universités ont été endommagées en Ukraine depuis le 24 février, selon le ministère ukrainien de l’Éducation et des Sciences et des organisations de la société civile.
« Il est crucial que les gouvernements et les groupes armés mettent fin aux attaques contre l’éducation et cessent d’utiliser les écoles et les universités à des fins militaires », a déclaré Diya Nijhowne, Directrice exécutive de la GCPEA. « Les gouvernements devraient enquêter sur les attaques et engager des poursuites contre les responsables des abus. Dans les campagnes visant un retour à l’école post-Covid-19, ils devraient intégrer pleinement les élèves touchés par les attaques, en élargissant les programmes d’éducation alternative développés pendant la pandémie si nécessaire. »
Les attaques contre l’éducation impliquent des forces armées et des groupes armés non étatiques bombardant et incendiant des écoles ainsi que des universités, et tuant, blessant, violant, enlevant, arrêtant arbitrairement et recrutant des élèves et des enseignants dans ou à proximité des établissements d’enseignement, pendant un conflit armé. En plus des morts et des blessés causés par ces attaques, la destruction et l’occupation des écoles bouleversent l’apprentissage, parfois de façon permanente, et entraînent des conséquences sociales et économiques à long terme.
Les armes explosives, impliquées dans un cinquième de toutes les attaques signalées contre l’éducation, ont eu des effets particulièrement dévastateurs, tuant ou blessant d’innombrables élèves et enseignants, et endommageant des centaines d’écoles et d’universités. En Afghanistan, des attaques contre des écoles impliquant des armes explosives ont tué ou blessé au moins 185 élèves – en grande majorité des filles – et enseignants, au cours du seul premier semestre de 2021. En Palestine, des frappes aériennes et terrestres ont endommagé un quart des écoles de Gaza lors d’une escalade des hostilités en mai 2021.
Les attaques contre les écoles représentaient près des deux tiers de tous les rapports d’attaques contre l’éducation et d’utilisation militaire recueillis par la GCPEA, une proportion similaire aux deux années précédentes. En 2020 et 2021, la République démocratique du Congo, le Mali et la Palestine ont été les pays les plus touchés par les attaques contre les écoles, chacun de ces pays ayant connu plus de 400 menaces ou attaques réelles.
Les taux d’utilisation militaire des écoles et des universités par les forces armées et les groupes armés non étatiques ont plus que doublé en 2020 et 2021 par rapport aux deux années précédentes. Cette hausse a été entraînée par une augmentation du nombre d’écoles utilisées comme casernes, centres de détention ou pour des opérations militaires. Le Myanmar a enregistré plus de 200 cas de ce type, principalement après le coup d’État militaire de février 2021.
Les attaques ciblées contre les élèves et les éducateurs ont également été répandues. Au Nigeria, plus de 1 000 élèves ou enseignants auraient été enlevés, blessés ou tués, dont au moins un tiers de femmes et de filles. Le rythme de ces attaques, dont bon nombre sont le fait de groupes armés non identifiés, a augmenté à partir de décembre 2020. Le Burkina Faso, le Cameroun, la Palestine, la Somalie ainsi que la Colombie ont compté également un nombre élevé d’élèves et d’éducateurs menacés, enlevés, blessés ou tués.
Des groupes armés ou des forces armées ont également ciblé des écoles pour recruter des enfants. Au cours des deux dernières années, les forces armées de l’État ou des groupes armés auraient recruté des élèves dans des écoles en Colombie, en République démocratique du Congo, au Mali et au Yémen, tandis que des forces armées, des forces de sécurité ou des groupes armés auraient été responsables de violences sexuelles au sein ou sur le trajet des écoles et des universités dans au moins sept pays.
Les universités, leurs étudiants et leur personnel ont également été la cible de tirs au cours des deux dernières années, avec plus de 320 incidents signalés. La plupart de ces attaques visaient des étudiants et du personnel universitaires, tandis qu’un quart des incidents visaient des établissements universitaires. Plus de 550 étudiants ou membres du personnel universitaire ont été blessés, enlevés ou tués, et 1 450 autres ont été détenus, arrêtés ou condamnés.
La pandémie de Covid-19 n’a pas ralenti les attaques contre l’éducation. En fait, certaines violations sont devenues plus importantes en 2020 et 2021. Les forces armées et les groupes armés non étatiques ont profité des écoles vacantes pour les utiliser à des fins militaires, notamment en Afghanistan, au Myanmar, au Soudan et en Syrie. Ailleurs, la police a répondu avec une force excessive aux manifestations des élèves et des éducateurs contre les politiques liées à la fermeture ou à la réouverture des écoles et des universités pendant la pandémie, notamment en utilisant des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Dans d’autres pays, comme la Colombie et la Palestine, après la levée des mesures de confinement, les écoles qui avaient subi des dommages lors d’attaques ont connu des réouvertures retardées ou ont rouvert avec des installations endommagées.
Ce rapport a été publié à l’occasion du septième anniversaire de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, un engagement politique visant à protéger l’éducation dans les conflits armés, approuvé par 114 pays. En adhérant à la Déclaration, les pays s’engagent à prendre des mesures concrètes pour protéger l’éducation, notamment en utilisant les Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés. Depuis que la Déclaration a été ouverte à l’approbation en 2015, les gouvernements ainsi que leurs partenaires ont apporté des améliorations tangibles à la législation et à la pratique pour protéger l’éducation contre les attaques. Plus d’un tiers des pays présentés dans le rapport ne sont pas signataires.
« Alors que les attaques contre les écoles et les universités, leurs élèves et leurs éducateurs continuent de se produire dans des conflits nouveaux et prolongés, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, à l’occasion de son septième anniversaire, reste un outil essentiel », a déclaré Diya Nijhowne. « Tous les gouvernements devraient approuver et mettre en œuvre la Déclaration pour sauver des vies et sauvegarder le droit à l’éducation pour tous, notamment les personnes qui se trouvent dans les situations de guerre les plus désastreuses. »
Distribué par African Media Agency (AMA) pour Human Rights Watch.
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