Sauver les hommes pour sauver la conservation au Cameroun
▐ La sauvegarde des énormes acquis de la conservation au Cameroun passe le développement durable des populations riveraines des aires protégées au Cameroun. C’est la leçon à retenir de ce qui se passe en ce moments dans l’Extrême Nord du Cameroun
Vers qui doit on adresser ce plaidoyer quand le gouvernement lui-même a déjà établi ce constat ? il convient seulement d’inverser l’ordre des priorités pour placer la valorisation et la promotion des aires protégées au centre des préoccupations.
Au lendemain du massacre de plus d’une centaine d’éléphants au Parc national de Bouba Ndjidda en 2012, un plan d’urgence pour la sécurisation des aires protégées avait été élaboré. Une plateforme Ministère des Forêts et de la Faune/Ministère du Tourisme et des Loisirs avait posé les jalons pour des actions communes en vue de donner un contenu viable aux initiatives conjointes matière de développement de l’écotourisme et de promotion des activités économiques y liées. Mais l’ensemble idées a souffert d’un déficit de soutien financier.
La promotion de l’écotourisme va de pair avec le développement de l’ensemble des infrastructures économiques (routes, aérodromes, hôtels) et des services (transport, hôtellerie, chasse sportive etc.) qui permettraient aux populations de changer leur regard vis à vis des animaux et des grands mammifères très dangereux notamment.
En Afrique de l’Est, les Etats ont mis sur pied des politiques de soutien aux agriculteurs et éleveurs exposés aux menaces et dégâts causés les animaux sauvages.
Les humeurs des populations sont des signaux à interpréter comme menaces non voilées contre ces animaux. Les évènements de Bouba Ndjidda en 2012 avaient étalé les connivences des populations avec les cavaliers puissamment armés venus du Soudan avec pour prétexte qu’ils étaient là pour les soulager de la présence pesante de ces pachydermes.
L’urgence ne recommande pas seulement à se satisfaire d’un retour au calme à Guidiguis, Kaele et Taibong arrondissements du Mayo Kani qui couvrent ce petit parc. Il s’agit d’envisager un traitement holistique des problèmes de la conservation au Cameroun, donner un contenu économique plus crédible à celle -ci. Il est question de changer de logiciel face à une situation incompréhensible.
Le Ministère des Forêts et de la Faune et celui en charge du tourisme et des loisirs, à qui incombe la promotion de l’écotourisme occupent des positions marginales comme bénéficiaires des financements publics alors même que la conservation peut être génératrice de croissance et de création des milliers d’emplois si on y met plus de moyens financiers et de volonté politique.
Le potentiel faunique des régions septentrionales du Cameroun peut constituer un atout pour l’émergence d’une économie locale forte, créatrice de richesses et des milliers d’emplois à la condition de le valoriser.
Par Jean Paul Ekoudy