▌Une douce brise automnale porte en elle une touche sucrée en ce 21 octobre 2024 dans la paisible cour de Xizhen Suzhuang, à Gaoping, dans la province chinoise du Shanxi (nord). Un cognassier de Chine oscille légèrement, ses fruits se teintant progressivement de rouge, comme si la nature elle-même avait choisi de parer le lieu pour un mariage imminent entre cultures. Sous cet arbre, les éclats de rire et les conversations présageaient un heureux événement : un couple, formé d’un français et d’une chinoise, s’apprête à unir sa destinée en ce lieu, marquant le début de leur voyage commun dans la vie conjugale.
Hugo Mathe, aujourd’hui âgé de 33 ans, se rappelle avec émotion sa première arrivée à Zhenzhou, dans la province du Henan (centre), il y a plus de dix ans, pour y étudier le Tai-chi. “A l’époque, je ne parlais pas un mot de chinois”, se souvient-il. Cette immersion dans un environnement totalement étranger fut le catalyseur d’une passion profonde pour la culture chinoise qui allait façonner le cours de sa vie.
Sa décision de plonger dans la culture chinoise et d’apprendre la langue sur place a été une transformation qui a influencé non seulement sa vie professionnelle mais aussi personnelle. Il a obtenu son master en études chinoises à l’Université d’Aix-Marseille avant de retourner en Chine pour approfondir ses connaissances en chinois. Poussé par sa passion pour la culture et la philosophie chinoises, il a réussi à intégrer le département de philosophie de l’Université de Pékin pour y poursuivre un doctorat. En parallèle de ses études, il a trouvé un emploi, ce qui lui permettait de rester immergé dans le milieu académique et culturel chinois.
Le Tai-chi, en particulier, constitue une porte d’entrée vers une compréhension plus profonde de la philosophie chinoise et de son langage unique. “J’ai commencé par là et à travers cet apprentissage, j’ai découvert que j’aimais énormément la langue chinoise, surtout les caractères chinois. Vivre en Chine, travailler et étudier ici me procure une joie immense car c’est un processus d’apprentissage quotidien, enrichissant et très agréable”, explique-t-il.
“Le Tai-chi m’aide à devenir plus subtil … C’est un travail mental qui me permet de me contrôler, de me comprendre et de m’harmoniser”, explique-t-il. Grâce au Tai-chi, ce passionné se sent plus en harmonie avec lui-même et avec son environnement. Cette harmonie intérieure se traduit dans sa vie quotidienne par une plus grande patience, une meilleure gestion du stress et une capacité accrue à faire face aux défis avec sérénité et clarté d’esprit.
C’est justement cette affinité culturelle et cet amour partagé qui ont favorisé sa rencontre et son union avec sa femme Zhao Min.
Lorsqu’on lui demande comment lui et son épouse chinoise gèrent les différences culturelles au sein de leur mariage, il explique avec une certaine aisance que leur compréhension mutuelle des situations réduit considérablement les éventuels conflits. “En fait, nous n’avons pas tant de différences que ça au niveau de nos valeurs, et c’est pour cela que nous avons décidé de nous marier”, dit-il.
Il souligne que souvent, son épouse le compare à un Chinois dans sa manière de voir les choses, dans sa conception du mariage, et dans ses valeurs de vie, ce qui montre combien ils sont similaires sur beaucoup de plans essentiels. “Elle me dit souvent que je ressemble à un Chinois, ce qui pour nous est un signe de notre compatibilité profonde”, ajoute-t-il.
Concernant d’autres aspects comme la cuisine, il note qu’ils ont la chance d’apprécier les plats de l’un et de l’autre. “Je prépare des plats français et occidentaux, et elle prépare des plats chinois, comme des jiaozi. J’aime beaucoup ce qu’elle ou sa mère cuisinent, et elle apprécie également mes plats”. A ce niveau-là, les différences culturelles ne représentent pas un obstacle mais plutôt une richesse à explorer ensemble.
Lors de leur cérémonie de mariage, Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel et ancien Premier ministre français, a rencontré les jeunes mariés lors de sa visite à Gaoping. M. Fabius a loué leur union avec des mots tels que “Extraordinaire”, “Magnifique” et “Bravo”, leur adressant ses sincères félicitations. Le couple a pour sa part, offert des bonbons de mariage à M. Fabius, qui a confié que c’était le meilleur cadeau qu’il ait reçu lors de son voyage.
Les cérémonies de mariage traditionnelles séduisent de plus en plus de jeunes Chinois et permettent aussi aux gendres étrangers de plonger dans l’intense atmosphère culturelle de la Chine. Zhao Wei, directeur adjoint de la zone touristique de Xizhen Suzhuang, rapporte que trois couples internationaux ont déjà célébré leur union dans ce lieu. Ils déploient tous leurs efforts pour mettre en avant le patrimoine et le prestige de la famille de la mariée, dans l’espoir de familiariser davantage les gendres étrangers avec les traditions matrimoniales chinoises.
Xinhua