▌Après plusieurs semaines de consultations intenses et de spéculations politiques, le président français Emmanuel Macron a finalement désigné Michel Barnier comme nouveau Premier ministre. Ce choix, officialisé jeudi après un processus de sélection laborieux, place un homme de droite expérimenté à la tête de Matignon.

 

CONSULTATIONS APPROFONDIES

 

La nomination de M. Barnier intervient après des jours de suspense autour de l’identité du futur chef du gouvernement. Selon des sources proches de l’Elysée, M. Macron avait M. Barnier “dans le scope” depuis un certain temps. Toutefois, ce n’est qu’après plusieurs cycles de consultations, tant formelles qu’informelles, avec les ténors de la scène politique, que son choix s’est arrêté sur cet ancien commissaire européen. Un signal fort dans le contexte politique actuel marqué par une majorité relative à l’Assemblée nationale et la recherche d’un consensus pour gouverner.

 

 

 

A 73 ans, M. Barnier devient le plus vieux Premier ministre de la Ve République française, succédant à Gabriel Attal dans un contexte où la stabilité du gouvernement est plus que jamais au centre des préoccupations de l’exécutif. La décision de nommer cet homme de droite gaulliste vise à répondre à la nécessité de constituer “un gouvernement de rassemblement”, selon un communiqué de l’Elysée, à même de naviguer entre une Assemblée nationale fragmentée et une opposition déterminée.

 

HOMME POLITIQUE EXPERIMENTE

 

Le choix de M. Barnier n’est pas anodin. Né en 1951, il débute en politique à 22 ans en devenant conseiller général de Savoie, puis député en 1978. Président du conseil général de Savoie, il se distingue en organisant les Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Ministre à quatre reprises, il fait voter la loi Barnier sur l’écologie en tant que ministre de l’Environnement sous Edouard Balladur. Il est également ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2005 sous Pierre Raffarin.

 

 

 

 

 

M. Barnier a également occupé deux mandats de commissaire européen, en se concentrant sur la réforme des institutions et la politique régionale. Nommé en 2010 commissaire au Marché intérieur, il défend la relance du marché unique européen. Il est surtout connu pour son rôle de négociateur en chef du Brexit, aboutissant à un accord de 1.500 pages avec le Royaume-Uni.

En 2021, il critique fortement M. Macron lors de la primaire des Républicains, de laquelle il termine troisième. Néanmoins, avec son profil de modéré, sa réputation d’homme de dialogue et son expérience européenne, il apparaît comme une figure capable de rassembler des forces politiques disparates autour d’un projet commun ; c’est le calcul fait par l’Elysée.

 

 

 

SITUATION COMPLIQUEE

La tâche qui l’attend à Matignon s’annonce difficile. La France fait face à des défis majeurs sur les plans économique, social et sécuritaire. M. Barnier devra aussi composer avec une Assemblée nationale où les oppositions, notamment celle du Rassemblement national (RN), ne manqueront pas de tenter de faire entendre leur voix.

Certains élus du RN ont exprimé des réserves sur ce choix, sans pour autant exclure de collaborer si certaines de leurs priorités sont prises en compte, comme l’adoption de la proportionnelle ou des réformes sur l’immigration et la sécurité.

“Les 11 millions d’électeurs du Rassemblement National méritent le respect : c’est notre exigence première. Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action”, a déclaré le président du RN Jordan Bardella sur X.

A gauche, les critiques se sont vivement fait entendre. “Emmanuel Macron nie officiellement le résultat des élections législatives. Il vient de nommer Michel Barnier. Un membre, parmi d’autres, d’un parti qui a été le dernier à l’élection législative. Emmanuel Macron a volé l’élection au peuple français”, a déclaré le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon.

 

 

 

 

En somme, avec la nomination de M. Barnier, M. Macron parie sur l’expérience et le pragmatisme, espérant ainsi stabiliser une situation politique complexe et apaiser les tensions sociales. Reste à voir si ce pari s’avérera gagnant dans les mois à venir.

 

 

Xinhua

 

 

 

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