Classement mondial des ports 2023 : qu’est-ce qui pose problème avec le Port Autonome de Douala ?!
▌Le 03 juin 2024, la Banque Mondiale et S&P Global Market Intelligence ont rendu public leur rapport sur l’Indice Mondial de Performance des Ports à Conteneurs (CPPI) 2023, et qui classe le Port Autonome de Douala (PAD) parmi les moins performants du monde.
Cependant, à la lecture minutieuse dudit rapport, il apparait clairement de graves manquements méthodologiques, qui ont conduit à des conclusions des plus incongrues, et qui sont remises en question aujourd’hui de par le monde.
TOUT D’ABORD LE CHOIX DES CRITÈRES
Le principal critère d’évaluation et d’appréciation retenu par les rédacteurs dudit rapport est le temps de passage des navires dans les ports.
Sauf que le temps qu’un navire passe en rade (espace à proximité du port où les navires attendent lorsqu’il y a d’autres navires à quai en train d’opérer) est largement dû à des faits et des choses qui ne dépendent pas du tout du port en lui-même.
Ainsi, un bateau peut mettre un temps un peu plus long dans un port, soit parce que son correspondant au port n’a pas encore terminé de rassembler les conteneurs export qu’il doit emporter à son retour, soit parce que les formalités douanières d’enlèvements auxquels sont soumis les navires prennent du temps.
ENSUITE, UN RÉEL UN PROBLÈME D’ÉQUITÉ
Ce classement 2023 met par exemple dans le même panier de compétitivité les ports en eaux profondes (situés en haute mer) et les ports d’estuaires (situés sur un fleuve) comme le Port Autonome de Douala. Ce qui est une grande incongruité, car il est évident que les deux types de ports ne sont pas assujettis aux mêmes caprices de la nature.
Ainsi, alors que dans un port en haute mer, un navire ne prendra que le temps de la manœuvre pour s’en aller, dans un port d’estuaire, l’entrée ou le départ des navires dépendent des marées ; et il y’en a seulement deux par jours (en matinée et en soirée), et qui ne dépendent nullement du bon vouloir du port. Pour illustrer cela, lorsqu’un navire fini ses opérations au port de Douala à 11h, il est obligé d’attendre la marée à 18h pour partir. Ce qui n’est pas le cas dans un port en eau profonde où il part dès la fin de ses opérations.
À cela, s’ajoute le chenal d’accès qui est la voie que les navires empruntent pour accéder au port, et dont la situation et la configuration ne dépendent pas du port.
De ce fait, les critères qui ont été choisis par la Banque Mondiale et le Cabinet S&P Global Market Intelligence ne sont pas du tout équitables, car ils ne prennent pas en compte les conditions naturelles de chaque port.
En outre, dans ce classement, le Port de Douala est dans la catégorie des ports traitants plus de 500 000 unités équivalentes à vingt pieds (EVP), or pour l’instant le Combinat Portuaire de Douala-Bonabéri traite 380 000 (EVP) selon les données officielles. Posant ainsi une fois de plus un réel souci d’équité. Car, en procédant ainsi, c’est un peu comme faire courir un enfant de 2 ans avec des adultes de plus de 20 ans !
Et comme on pouvait bien s’attendre, cette très mauvaise méthodologie de la Banque Mondiale a produit un classement qui est contesté dans le monde entier. Car, comment comprendre que le port de Berbera en Somalie est mieux classé que les ports de Shanghai ou Valence ? Ou encore que Ghazaouet, un tout petit port algérien sans terminal conteneurs, soit mieux classé qu’Alger, Casablanca ou Abidjan ?
Autant de choses qui ont les opérateurs portuaires des plus importants du Continent, à l’instar de ceux de Djibouti et d’Afrique du Sud, à se mettre vent débout pour critiquer sévèrement ce rapport.
LE PORT AUTONOME DE DOUALA RÉSOLUMENT ENGAGÉ POUR LA SOUVERAINETÉ PORTUAIRE TOTALE DU CAMEROUN !
Comme l’on pouvait s’attendre, ce rapport fort contesté de par le monde, a donné du grain à moudre aux pourfendeurs habituels du Top Management du Port Autonome de Douala qui s’est pourtant engagé depuis des années à contribuer à la pleine souveraineté portuaire du Cameroun. Avec à la clé, des résultats des plus patents et inédits.
Ainsi :
– Le nombre de navires appareillés est passé de 1887 en 2021 à 1999 en 2022 ;
– Le temps d’attente des navires est parti de 87,14h en 2021 à 37,05h en 2022, soit une baisse d’environ 50 heures ;
– La durée moyenne du séjour d’un conteneur à l’import est passée de 19 jours en 2020 à seulement 9 jours en 2022 ;
– La proportion des navires porte-conteneurs ayant passé moins de 48h à la bouée de base s’est élevée à 85% en 2022 contre 33% en 2021, soit une croissance de 52 points ;
– Le chiffre d’affaires est en constante évolution : il est passé d’environ 38 milliards en 2017 à près de 120 milliards en 2023 ;
– La Régie du Terminal à Conteneur (RTC) a versé des redevances d’un montant de 69, 2 milliards au PAD, en seulement quatre (4) ans ;
– Les revenus du terminal à conteneurs sont passés de 15,7 milliards en 2020 à 19,1 milliards en 2023. Et il faut préciser l’ex-concessionnaire, la DIT, qui est une entreprise cofondée par Bolloré et Maerk, a versé respectivement en 2018 et 2019 les modiques sommes de 4,4 et 4,6 milliards aux titres des redevances portuaires ;
– 11,4 millions de tonnes de marchandises traitées hors transit en 2020 ;
– 70% du tonnage des marchandises échangées entre le Cameroun et ses partenaires passe par le Port de Douala ;
– 1.365 milliards de FCFA /an, impulsée à 78% par les acteurs indirects ;
– Contribution à l’économie formelle : 35% au plan local et 13,5% au plan national ;
– Contribution à l’économie globale : 13% au plan local et 6,2% au plan national ;
– 700 milliards de FCFA/an de recettes douanières (moy. sur 2018-2019) ;
– Contribution : 85% aux recettes douanières et 21,7% aux recettes internes de l’État
– 27,2 milliards de FCFA de recettes fiscales payés par les acteurs directs et directs élargis par an, sur la période 2018-2019 ;
– Richesse créée par les acteurs directs : on est passé de 177 milliards de FCFA en 2016 à 212,6 milliards en 2020 ;
– Emplois formels : 382.284 dans la ville de Douala et 918.340 sur l’ensemble du territoire national ;
– Emplois informels : 1 014 266 dans la ville de Douala et 7 838 653 sur le territoire national ;
– Le Port de Douala est certifié ISO 9001-2015, la norme internationale qui s’occupe du pilotage des escales marchandises et gestion du domaine ;
– Le port de Douala est une place portuaire sûre et sécurisée arrimée au code de sûreté et de sécurité ISPSS ;
– La reprise de la gestion par le PAD des magasins cales gérés pendant des années par les acconiers (Bolloré contrôlait presque la moitié des 13 magasins) ;
– La reprise de la gestion du Terminal à Conteneurs après quinze années de concession qui ont privé l’économie Camerounaise de plusieurs milliers de milliards de FCFA (avec la complicité des camerounais qui étaient des actionnaires) ;
– La reprise du pesage portuaire exploité pendant de nombreuses années par certains opérateurs portuaires, dans une opacité totale ;
– L’appontement pétrolier sur Duc D’albe. Détruit depuis plus de 12 années, il a été reconstruit, permettant un meilleur ravitaillement du Cameroun et des pays de la Sous-région en produits pétroliers ;
– Normalisation de la main d’œuvre docker qui a éloigné le spectre des grèves au Port de Douala-Bonaberi;
– L’autonomisation du dragage sur le Wouri après avoir fait perdre plus de 156 milliards en 15 ans encaissés par les multinationales ;
– Acquisition sur fonds propres des équipements de dragage par la Régie du Dragage du PAD et qui fait que le Port de Douala dépense moins 5 milliards de FCFA par an ;
– Avec la création de la Régie de remorquage, l’activité a renouée avec les bénéfices avec environ 4,4 milliards de chiffres d’affaires en 2021 ;
– La construction d’une clôture, véritable « barrière de fer » pour sécuriser cette frontière maritime du Cameroun avec pour objectif de barrer la route à toute possibilité de truanderie.
Ce sont toutes ces réalisations qui insupportent au plus haut point les détracteurs de la Direction du Port Autonome de Douala, qui a par ailleurs commis le « crime » d’obtenir du Président de la République, Son Excellence Paul Biya, les textes réorganisant le PAD et faisant, entre autres, de cette institution l’héritière légitime des actifs de l’ex ONPC, avec pour principale conséquence la récupération des actifs résiduels de l’ex ONPC que se sont partagés certains hauts responsables de la République et des hommes d’affaires.
Mais ces tentatives de manipulation de l’opinion publique et des institutions de la République (comme cela est le cas depuis quelques jours avec une exploitation biaisé du rapport de la banque mondiale) ne saurait aucunement ébranler les dirigeants du Port Autonome de Douala qui sont plus que jamais déterminés à apporter leur modeste contribution à la souveraineté et l’émergence du Cameroun.
Une correspondance particulière de Paul Fils Eloundou