Assemblée française : Le pari risqué du président Emmanuel Macron
▌ Si pour certains acteurs politiques et notamment pour Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale sortante, la décision d’Emmanuel Macron reste compréhensible, pour d’autres par contre c’est un sérieux pari risqué que court le Président, après la dissolution de l’Assemblée nationale.
Afrique54.net │ Acculé de toute part par une politique qui peine à conforter et rassurer le peuple français dans son ensemble, le président Emmanuel Macron voit ses marges de manœuvre se réduire considérablement. L’échec cuisant à la récente élection Européenne, était selon les défenseurs du président Emmanuel Macron, la goutte d’eau qui a débordé le vase.
Dans une France où le coût de vie devient de plus en plus élevé pour le français moyen, Emmanuel Macron a fait le choix de dissoudre l’Assemblée nationale. Coup de tonnerre ou coup de poker, c’est un véritable séisme politique qui secoue actuellement la France. Car, en convoquant des élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet, le chef de l’État français prend le risque du saut dans l’inconnu.
Les indicateurs politiques sont loin d’être au vert pour le président français. Ce d’autant plus que c’est le Rassemblement national qui se présente en favori pour poser ses valises à Matignon et former un gouvernement. De ce qui ressort des sondages à l’issue des récentes élections Européennes où le Rassemblement national est sorti grand vainqueur avec 31,47% des suffrages exprimés, plus du double de la majorité présidentielle, selon le décompte officiel du ministère de l’Intérieur, quatre électeurs sur dix ont fait le choix de l’extrême droite.
En un an, Jordan Bardella est devenu la deuxième personnalité politique préférée des Français, talonnant l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Emmanuel Macron peut donc se permettre de rêver et croire qu’il pourra inverser l’ordre des choses.
En convoquant des élections législatives en 2024, à trois ans des présidentielles, Emmanuel Macron désynchronise par la même occasion, les élections législatives des élections présidentielles. Depuis le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier en 2002, celles-ci s’étaient toujours succédé, chaque législative confirmant le résultat de la présidentielle qui l’avait précédée quelques semaines plus tôt.
Dans un contexte où la gauche française semble complètement divisée voire effritée. Divisée dans sa politique, divisée également dans sa vision. Une situation qui laisse perplexe la grande majorité de la classe politique française qui s’interroge visiblement sur les cartes détenues par le président.
Cette possibilité est prévue par l’article 12 de la Constitution française. Le chef de l’Etat met ainsi fin, de manière anticipée, au mandat des députés de l’Assemblée nationale. Concrètement, les législatives de 2027 sont ainsi avancées pour cette année 2024. Le Sénat a acté ce lundi 10 juin la suspension de la quasi-totalité de ses travaux, en raison de l’ouverture de la campagne des législatives des 30 juin et 7 juillet, a annoncé le président de la chambre haute Gérard Larcher. Si les députés sont de facto les premiers concernés par cette dissolution surprise décidée par le chef de l’Etat, ce n’est pas le cas des sénateurs, qui poursuivent leur mandat normalement et assurent constitutionnellement la permanence de la représentation nationale.
Après les dissolutions de l’Assemblée nationale de 1962 et 1968, par Charles de Gaulle, de 1981 et 1988, par François Mitterrand, et de 1997, deux ans après l’élection de Jacques Chirac, Emmanuel Macron devient ainsi le quatrième président français sous la cinquième république à user de cette arme aux mains du Président.
Source: Afrique54.net │ Thierry Eba, depuis Yaoundé