Croissance en Afrique : L’aide au développement en question
▌ L’annonce de la Corée du Sud d’accroître son aide au développement de l’Afrique soulève un tas d’interrogations.
A5 NEWS | Cette annonce intervient dans un contexte où l’aggravation de la pauvreté sur le continent, vient remettre en question les objectifs réels de cette aide.
C’est sous un costume bleu nuit qu’est apparu ce mardi 4 juin 2024, Yoon Suk-Yeol, le président sud-coréen, lors de la cérémonie d’ouverture du sommet Corée-Afrique à Séoul. Dans un discours, Yoon Suk-Yeol a fait part de sa volonté de poursuivre une coopération plus profonde avec la région notamment sur les minéraux et les technologies critiques. Cet engagement a été pris dans le but d’améliorer la résilience de la chaîne d’approvisionnement du pays dans des secteurs clés tels que les batteries.
« Afin de stimuler la coopération avec l’Afrique, la Corée du Sud augmentera l’aide publique au développement d’environ 10 milliards de dollars américains jusqu’en 2030. De même, afin d’encourager le commerce et les investissements sud-coréens dans la région, la Corée du Sud fournira 14 milliards de dollars de financement à l’exportation », a déclaré Yoon Suk-Yeol dans son allocution. Les échanges entre l’Afrique et la Corée du Sud représentent moins de 2 %.
Au cours des 18 dernières années de données disponibles, la totalité de l’aide publique au développement accordée à l’Afrique a franchi la somme assez phénoménale de 800 milliards de dollars. Près de la moitié de ce montant a été accordée à l’Afrique Subsaharienne. L’Ethiopie, la RDC, le Nigeria et le Kenya sont les plus grands bénéficiaires de l’aide au développement. En dépit de ces financements, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté (avec moins de 1,90 dollars par jour) a augmenté sur le continent africain. Nombre d’Africains aimeraient savoir où va réellement l’aide au développement en l’Afrique.
Quand on sait que le Plan Marshall, qui a permis à l’Europe de se reconstruire après la Seconde Guerre Mondiale a représenté en 1952, un prêt américain de 173 milliards de dollars. L’Allemagne concentre son aide sur la RDC et l’Afrique du Sud. Plusieurs militants anti aide affirment que celle-ci assure un transfert d’argent facile, qui n’encourage pas la prise d’initiatives et l’autonomie des Etats.
L’Allemagne arrive en pole position parmi les premiers donateurs au monde avec un budget annuel global de 22 milliards d’euros consacré à l’aide au développement. Berlin veut promouvoir aussi l’initiative privée en Afrique en soutenant les investissements des entreprises allemandes grâce à son initiative Compact with Africa, lancée en 2017. Mais le projet présente plusieurs faiblesses, notamment structurelles. Avec plus de 50 milliards de dollars d’aide au cours des 18 dernières années, la RDC est le pays qui attire le plus de crédits.
Sans surprise, les Etats-Unis sont en tête des pays donateurs en RDC et au Mali tandis que la France occupe la première place au Cameroun. L’Allemagne n’apparaît dans le Top 5 qu’au Cameroun, une de ses anciennes possessions coloniales sur le continent.
En clair, l’aide publique au développement censée aider à développer les pays africains, arrive rarement dans les caisses des entreprises locales. Un modèle économique qui semble bien avoir montré ses limites et laisse songeur les promoteurs de l’économie sociale et solidaire dont le premier forum vient de se tenir à Yaoundé au Cameroun.
© A5 NEWS | Thierry Eba, depuis Yaoundé