Présidentielle 2024 au Tchad : Une élection entachée d’irrégularités
▌La mort d’un homme par balle à Moundou, la deuxième ville du pays qualifiée d’incident isolé selon les autorités, vient jeter le discrédit sur un scrutin présidentiel crucial, censé sortir le pays de trois ans de transition ponctuée de nombreuses crises.
Selon les autorités tchadiennes, ils étaient un peu plus de 8 millions d’électeurs tchadiens à s’être rendu aux urnes le 6 mai 2024, dans une élection jugée cruciale par plusieurs observateurs politiques pour un retour à la sérénité. Car pour la jeunesse du Tchad, le moment est venu, plus que jamais, de changer les choses, à l’occasion de cette élection présidentielle. Où dans les plus de 25 000 bureaux de vote ouverts pour départager les dix candidats à la présidentielle dont Mahamat Idriss Déby à la tête du Conseil Militaire de Transition depuis la mort, en avril 2021, de son père Idriss DébyItno, la jeunesse doit faire entendre sa voix.
Certains observateurs de l’opposition ont dénoncé ce qu’ils décrivent comme des irrégularités dans le processus de vote de l’élection présidentielle au Tchad. Cela intervient alors que l’on craint que le système électoral ait été conçu pour favoriser le chef militaire, Mahamat Deby.
Dans un bureau de vote du 7ème arrondissement de la capitale, Ndjamena, un observateur électoral du Parti des Transformateurs, parti d’opposition, s’est interrogé sur les bulletins de vote et sur le déroulement du scrutin. « Le nombre d’électeurs inscrits ici est de 226… Mais l’ANGE, l’organisme en charge des élections n’a remis que 156 bulletins de vote. Où sont les 70 bulletins restants ? » S’est interrogé Gauthier Saldnba, un observateur.
Kaigo Patcha, un fonctionnaire électoral, a déclaré qu’il ne s’agissait que d’une question d’insuffisance de bulletins de vote. « Nous avons déjà appelé les responsables et ils apporteront bientôt les bulletins restants », a lancé Kaigo. La controverse a également porté sur le fait que des agents électoraux ont empêché certains électeurs de voter. Les électeurs qui s’étaient inscrits dans d’autres agglomérations autres que Ndjamena n’ont pas été autorisés à voter dans les centres de vote de la capitale.
Les responsables électoraux ont déclaré qu’ils respectaient le code électoral. Des irrégularités qui viennent s’ajouter à la mort d’un homme tué par balle à Moundou, la deuxième ville du pays dans des circonstances restées jusqu’ici inconnues et qualifié d’incident isolé selon les autorités.
Des faits qui viennent remettre sur la table la grande mobilisation de l’opposition et de la société civile un peu partout au Tchad qui avait été réprimée par l’armée et provoquant la mort de 300 personnes, essentiellement des jeunes, selon des ONG au moment où le pouvoir parlait d’une cinquantaine de décès. Plusieurs leaders de l’opposition, dont l’actuel premier ministre avait été contraint à l’exil suite à cette sanglante répression condamnée par la communauté internationale. 48 heures après, alors que les bureaux de vote ont fermé et que les dépouillements se poursuivent, et ce malgré un calme apparent, dans les rues de Ndjamena et partout au Tchad, la population attend impatiemment le verdict des urnes prévu pour le 21mai.
Par Thierry EBA