Canada – Les sans-abris: « touristes involontaires » dans leur propre ville

▌Au Québec, la majorité des baux arrivent à terme au 30 juin. Le bonheur de s’imbiber de vent doux et de rayons solaires, pour ceux qui seront délogés, coïncide avec l’afflux d’annonces d’appartements à louer. Et le nombre de logis disponibles s’abaisse à mesure que le prix de location s’élève, car en plus d’abuser en augmentant les loyers, on en convertit  aux profits des touristes : ces envahissants AirBNB.▌

 

 

 

Selon une étude menée par Jennifer Comb, Danielle Kerrigan et David Wachsmuth, de l’Université McGill, environ 31,000 logements, au Canada, sont réservés aux locations temporaires. À Montréal, on en compte au moins trois cents. ¹

Après avoir couverts, pendant des années, les coûts d’électricité, chauffage, réparations et taxes foncières, par le paiement d’un loyer, et de fournir un revenu aux propriétaires, les locataires se font spolier par des spéculateurs.

 

 

Le maire d’un arrondissement de Montréal désire diminuer les locations à courts termes. C’est une excellente décision. Il serait cependant souhaitable, pour régler vraiment un problème social qui ne fait que s’aggraver, d’ajouter une clause à la possibilité d’obtenir un certificat à cette fin : l’accord des occupants!

► Les spéculateurs immobiliers et les touristes ne devraient jamais prévaloir sur les citoyens de la ville concernée.

► Quel que soit le lieu, même en zone « permise », aucun locataire, quel que soit son âge, son revenu et le nombre d’années d’occupation d’un logis, ne devrait être évincé de son appartement, au profit d’un exploitant de logis à location temporaire.

 

 

Même le Tribunal Administratif du Logement ne fait que favoriser les rachats d’immeubles locatifs en condominiums, propriétés indivises et logis pour touristes.

Bien que les journaux aient été discrets à ce sujet, il y a quelques années, une dizaine de personnes, originaires du Grand Nord québécois, sont décédées au cours de l’hiver, après avoir été délogées de l’endroit où elles se réunissaient. Le cas de M. Clément Robitaille est pathétique. On l’a évincé de son logis au mois de janvier, alors que peu de logements sont disponibles ou lui auraient coûté le double de ce qu’il déboursait auparavant. On l’a retrouvé mort, dans sa voiture, quelques mois plus tard. ³

Le prix des loyers ne cesse d’augmenter, au profit de quelques groupes d’investisseurs qui achètent des bâtiments, délogent à rabais les locataires, font des rénovations cosmétiques et exigent le double du prix antérieur. Et nos dirigeants connaissent le groupe Sonder, cette fausse chaîne hôtelière.

 

 

 

Il est urgent de refuser les conversions d’appartements en location à courts termes, lorsque des gens y habitent et ont, selon la loi, le « droit au maintien dans les lieux ». Si on les force à quitter leur logis, que ce soit en zone « autorisée » ou non, on augmente la misère et l’itinérance, pour satisfaire les profits mesquins de quelques exploiteurs. En plus des prix actuels des loyers, permettre les AirBNB, c’est se faire complice de conséquences graves. Les membres de toutes municipalités doivent impérativement cesser de légaliser ces mises à la rue, pour lesquelles les responsables « indirects » sont rarement inquiétés.

Que vous soyez locataires, propriétaires, membres d’un Comité Logement, intervenez! Demandez l’illégalité d’évincer un résident au profit des spéculateurs et des touristes.

Au Québec, entre 2017 et 2022, déjà 142 individus sont morts de froid.

 

Par Maryse Laurence Lewis | Mondialisation.ca, 2023

 

 

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