Crise russo-ukrainnienne : Occident, prémices de la fin d’un hégémon[Analyse]

Par Charly KENGNE

On se souvient de cette fameuse date du 24 février 2022 marquant le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe placée sous le nom code : “OPÉRATION SPÉCIALE”. Une opération militaire dont les objectifs dès le départ étaient clairs et connus à savoir :

– Protéger les populations du Donbass qui mourraient sous les canons de feu de l’armée Ukrainienne depuis le coup d’État de 2014 maquillé en “RÉVOLUTION DE COULEUR” plus connu sous l’appellation “Révolution de Maïdan”.

– Faire respecter par le gouvernement Ukrainien les accords de Minsk II signé avec les chefs séparatistes dans le Donbass et dont les garants côté ukrainien étaient là France et l’Allemagne, côté Séparatiste la fédération de Russie sous l’encadrement de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité Collective en Europe) qui a été validé avec la Résolution 2202 du 17 février 2015 par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies mais qui n’a jamais été respecté par la partie Ukrainienne.

– Démilitariser et « denazifier » l’Ukraine de ses milices nazistes et russophobes au sein de l’armée nationale qui avait fait de la communauté russophone Ukrainienne des cibles et dont un certain nombre de restrictions en terme de droit leur avait été imposé (Confère les textes de loi promulgué par le parlement Ukrainien ; la RADA) depuis la chute du Président Viktor Ianukovitch exilé en Russie après le coup d’État de 2014 préparé et financé par les services secrets de l’OTAN.

À la suite de cette invasion, il s’en est suivi un paquet de “SANCTIONS” par le bloc occidental pour contraindre la fédération de Russie à revoir ses plans dans le cadre de son “Opération militaire Spéciale” en Ukraine. D’ailleurs on parle ici d’un peu plus de 12 462 sanctions contre la Russie qui serait selon certains organismes financiers occidentaux (Castellum.AI) spécialisés en Statistiques le pays le plus sanctionnés au monde suivi de la République Islamique d’Iran (3709 sanctions) . Des sanctions qui comme l’annonçait Bruno LEMAIRE ancien Ministre de l’économie et des fiances française, allaient faire “TOMBER L’ÉCONOMIE RUSSE”. On semble constater le contraire aujourd’hui dans le cas Russe dont l’économie semble se porter à merveille et l’inverse puisque ce sont les économies occidentales aujourd’hui qui semblent souffrir de ses propres sanctions.

Dans cette même logique de fin d’un règne, l’Occident n’a fait que multiplier des erreurs d’analyse et des actes de désespoir.  Je m’en vais vous en donner quelques uns.

I- L’HYPPOCRISIE ET LA MALHONNÊTETÉ INTELLECTUELLE AFFICHÉE DERRIÈRE LA SIGNATURE DES ACCORDS DE MINSK II PAR LE BLOC OCCIDENTAL

Les accords de Minsk II, du 12 février 2015, sont signés selon le format Normandie : François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko, Vladimir Poutine, et des représentants des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (sécessionnistes de l’Ukraine) et mettent en place un nouveau cessez-le-feu.

Comme vous pouvez le constater, les garants de la signature des Accords de Minsk II côté Ukrainien étaient la France et l’Allemagne.

Je précise ici que la France dans cette signature des accords de Minsk II avait une double responsabilité dans son implémentation parce qu’ en plus d’être membre de  l’OSCE, cette même France est membre permanente du Conseil de Sécurité de l’ONU à la différence de l’Allemagne.

Alors écoutons ce que pense le Chef d’État français de l’époque (François Hollande) concernant la signature de ces accords :

Les accords de Minsk étaient une tentative de donner à Kyiv le temps de renforcer l’armée.

C’est ce qu’a déclaré l’ancien président français François Hollande, qui a exercé ses fonctions de 2012 à 2017.

“Depuis 2014, l’Ukraine a renforcé son potentiel militaire. En effet, l’armée ukrainienne était complètement différente de celle de 2014. Elle est devenue mieux entraînée et équipée. C’est le mérite des accords de Minsk que Kyiv a obtenu une telle opportunité », a-t-il déclaré dans une interview avec The Kyiv Independent.

Hollande a noté que la situation géopolitique après 2014 n’était pas favorable à l’Ukraine et que l’Occident avait besoin d’une pause.

Par les propos du Président Français François Hollande, on comprend très bien que l’intention et le but pour l’occident d’avoir signé ces accords n’étaient point le retour à la paix en Ukraine mais plutôt un stratagème pour faire durer ce conflit fratricide le plus longtemps possible.

II- SABOTAGE DES GAZODUC NORTHSTREAM ET NORTHSTREAM II PAR LES OCCIDENTAUX PRÉCISÉMENT LES ÉTATS-UNIS POUR APRÈS SE JOUER LES VICTIMES.

C’était un 28 Septembre 2022, voilà ce que publiait le média français ” Le Monde” :

” Explosions visant les gazoducs Nord Stream 1 et 2 : la piste du sabotage privilégiée. Au moins deux explosions ont touché ces pipelines de la mer Baltique, lundi, provoquant de spectaculaires fuites de gaz. La thèse d’un accident est a priori écartée et de nombreux experts s’interrogent sur une possible implication de la Russie, qui dément”.

Alors qu’en est-il vraiment de ce qui s’est passé ? 

 Serait-ce un acte de sabotage ?

 Si oui ; le ou les qui en sont les responsables ?

Voilà la réponse apportée à ses interrogations par le journaliste d’investigation Américain  Seymour HERSH, lauréat du Prix Pulitzer.

Des explosifs sous les gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 ont été posés par des plongeurs américains lors de prétendus exercices de l’OTAN et ont été activés par les Norvégiens.

“L’été derner, des plongeurs de la Marine, opérant sous le couvert d’un exercice de l’OTAN connu sous le nom de Baltops 22, ont posé des engins explosifs activés à distance qui ont détruit trois des quatre pipelines Nord Stream trois mois plus tard”, a-t-il écrit sur la plateforme Substack.

Selon le journaliste, le président américain Joe Biden a décidé le sabotage après neuf mois de discussions secrètes avec l’équipe de sécurité nationale. Le principal problème était de se débarrasser des preuves.

III- LEÇONS À RETENIR POUR L’AFRIQUE ET LES AFRICAINS 

L’Afrique aujourd’hui doit impérativement prendre son destin en main et comprendre que le monde vit un tournant majeur. On assiste à redistribution des cartes et la création des blocs d’influence et de puissance de partout dans le monde. L’hégémon, l’idéologie, la philosophie, les valeurs tant vantées, portées et défendues par le bloc occidental qui concourait simplement à servir leurs propres intérêts sont caduques aujourd’hui avec la création de ses blocs de puissance.

On ne saurait continuer à rester spectateur, il est l’heure pour les africains de définir et de façonner le monde de demain qu’ils veulent et dans lequel ils souhaiteraient vivre. Ceci passe significativement par les choix et les actes que nos posons aujourd’hui, les accords que nous allons tisser, la qualité du soutien que nous allons apporter à un bloc comme à un autre tout en sachant la contrepartie à nous revenir dans l’intérêt commun de nos peuples et du continent.

Des alliances intra-africaines que nous allons mettre sur pied pour déjà essayer de parler d’une seule voix dans le concert des nations. Des actes de souveraineté que vont prendre nos gouvernants de nature à imposer notre vision géopolitique du monde et de l’Afrique et non celle calquée et fabriquée dans les laboratoires d’outre-mer.