Taux de change des devises – Euro et Dollar : des échanges qui influencent le marché africain
▌L’instabilité de la monnaie américaine et européenne depuis juillet 2022, impacté négativement le cours de vie des 19 pays qui utilisent le F CFA.▌
Le coût de 1 Dollar américain en Francs CFA BCEAO, aujourd’hui, est de 661,93 XOF selon les «Open Exchange Rates», par rapport à hier, le taux de change a augmenté de 0,74% (de +4,90 XOF). Et celui de 1 Euro en CFA BCEAO est de 655,96 XAF , par rapport à hier, le taux de change a diminué de -0,000049% (de -0,0003 XAF). Il faut dire que cette instabilité joue en faveur pour certains et en défaveur pour bon nombre des pays africains.
En effet, selon les économistes et spécialistes en termes d’échanges et monnaies, « tous ceux qui exportent, bien sûr si les prix restent stables, vont être dans une position favorable, parce qu’ils vont pouvoir exporter plus en quantité, pas nécessairement en valeur monétaire, explique l’économiste togolais, à la tête du groupe de réflexion Afrocentricity. Et au contraire, ceux qui importent vont voir tout simplement ces prix d’importation se renchérir. Et donc les populations vont voir que la plupart de ces prix, malheureusement pour tout ce qui leur est quotidien, risquent de flamber».
Rembourser deux fois plus
Par ailleurs, la dette des États s’alourdit. Exemple du remboursement de la dette du Cameroun en Août 2022. En fait, « Il y a tout un système qu’on appelle le service de la dette. On rembourse une partie de manière régulière. Et en fonction de votre capacité, donc de votre gouvernance, vous êtes capable ou pas de pouvoir honorer ce service de la dette. Le service de la dette risque tout simplement et mécaniquement d’augmenter. Et cela veut dire des recours essentiellement à des bailleurs de fonds, notamment le Fonds monétaire international», précise Yves Ekoué Amaïzo.
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La zone euro connaît une récession, après l’inflation de fin juin (8,6%), en raison des prix de l’énergie en dollars US. Ce qui oblige la Banque Centrale Européenne à envisager le relèvement de ses taux, lors de la réunion tenue le 11 juillet 2022. Cet effondrement crée un climat économique difficile aux pays ayant en partage le franc des Colonies Françaises d’Afrique (Fcfa).
L’impact
Il faut noter qu’avec l’instabilité liée à la parité, les importations sont devenues plus chères, surtout lorsqu’elles sont libellées en dollars comme c’est le cas de l’énergie. Pour les pays très dépendants de ces importations, la dépréciation s’accompagne donc d’inflation. Pour les experts de la question monétaire, « les prix à la consommation ont augmenté significativement, en raison du manque d’auto-suffisance alimentaire en Afrique. En Côte d’Ivoire et au Cameroun par exemple qui importent beaucoup d’aliments de base comme le riz et l’huile et autre l’impacte est très visible. Cette instabilité de l’euro et du dollar impacte fortement ceux-ci contrairement aux pays plus autonomes au niveau de l’agriculture et de l’industrie. Plus il y a d’auto-suffisance, moins il y a d’inflation ».
Il suffit de se rendre dans les supermarchés, sur les étalages des commerçantes au niveau local pour constater que les produits importés ont presque doublé de valeur. «Un produit qui coûtait 500fcfa hier, aujourd’hui coûtent environ 650fcfa ou 700 f cfa. Le cas du riz importé».
« Les pays de la zone CFA subissent donc de plein fouet les variations de l’euro.
Toutes les conséquences que connaissent les pays européens sont aussi subies dans cette zone. Et la nature du régime de change aggrave un peu plus la situation. Toute l’économie est basée sur le maintien de la parité de change, ce qui crée une faiblesse énorme dans des périodes compliquées », décrit Carl Grekou, économiste au CEPII (Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales) qui a travaillé sur la zone. Aucun pays africain n’a une politique monétaire autonome, ils subissent tous plus ou moins les mouvements de l’euro.
Profit à l’exportation
Cependant, selon l’économiste Carl Grekou, « côté des exportations, les conséquences sont un peu différents de celles en zone euro, qui exporte dans sa monnaie domestique. En Europe, la monnaie moins chère s’accompagne d’un gain en compétitivité, que les pays africains ne vont pas forcément connaître puisqu’ils exportent très peu en monnaie locale. Les exports en dollars pourront toutefois leur rapporter davantage que d’habitude, entrainant un « effet de profitabilité ».
Beac et Bceao
En ce qui concerne l’Afrique, relativement à l’augmentation ascendante des taux d’intérêt de la Fed, les investisseurs doivent trouver suffisamment de raisons d’investir en Afrique que de devoir placer leur argent dans les actifs en devises américaines plus sécurisées.
Face à une telle configuration de la conversion monétaire, se pose le dilemme d’une part des banques centrales africaines qui partagent le franc CFA, à savoir la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) de voir comment préserver les investissements étrangers dans leur économie nationale et d’autre part comment juguler les hausses de taux qui renchérissent le coût des emprunts nationaux et ont aussi un effet modérateur sur la croissance.
Par A5 NEWS, Joe Emama