Guerre Russie-Ukraine –  6 mois après, quelles leçons pour l’Afrique?

Par Thierry Djoussi

 

Cette guerre, avec l’invasion americano- britannique en Irak, les escalades guerrières dans le NOSO camerounais,  compte parmi les conflits armés les plus bêtes au monde. Car, à la fin, on finira par s’asseoir autour d’une table.

Le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine a envoyé son armée envahir le voisin ukrainien. 6 mois après, la guerre que le Kremlin voulait éclair s’installe dans la durée. Et, la liste des victimes s’allonge. Plus de 20.000 morts, selon  Kiev.

La situation sur le terrain

L’armée ukrainienne fait plus que se défendre. Ceci grâce aux missiles reçus de l’Occident. Kiev revendique même des offensives. Les 9, 10 et 15 août, des bases militaires russes en Crimée et en Biolorussie ont volé en éclats. Si Moscou a parlé ”d’explosions accidentelles”,  une chose est certaine : après 200 jours de combats, cette guerre n’a plus rien d’éclair. C’est le propre des guerres bêtes. Elles conduisent généralement à l’enlisement ou à une victoire à la Pyrrhus.

Une guerre devenue internationale.

Depuis le 24 février, le monde entier subit plus ou moins les contrecoups de la guerre Russie-Ukraine. Un très grand nombre de pays a condamné l’agression russe. Comme en témoigne le vote, le 2 mars, à l’ONU. Sur 193 votants, 141 ont voté  contre cette guerre. Seuls 5 pays ont soutenu Moscou. Ce  sont: la Corée du Nord, la Biolorussie, la Syrie, la Russie et l’Érythrée. Ce dernier pays est le seul africain à avoir voté pour la guerre. 32 pays  se sont abstenus parmi lesquels la Chine, qui passe pourtant pour un allié du Kremlin.

En Afrique, seuls 22 pays ont caché leur couardise derrière une abstention. Certains pays n’ont même pas eu le courage de se présenter dans la salle de vote.

Au total, l’Afrique, qui compte une cinquantaine de membres à l’ONU, est majoritairement contre l’invasion russe en Ukraine.

Une vérité que certains Africains tentent maladroitement de maquiller  sur les réseaux sociaux.

À ceux-là, de nationalité camerounaise et congolaise, j’ai respectivement demandé s’ils avaient soutenu l’invasion nigériane à Bakassi ou soutiennent-ils les incursions rwandaises en RDC. Plusieurs ont longuement réfléchi, puis changé d’avis. Une poignée m’a répondu que ce n’est pas la même chose. Évidemment, c’est leur point de vue. Mais la vérité, elle, s’impose à tous: une agression est une agression. Qui a condamné une agression hier, doit se montrer cohérent en condamnant une autre d’aujourd’hui.

Quelle leçon pour l’Afrique ?

Le continent a découvert plus que jamais sa vulnérabilité du fait d’une dépendance, trop forte, aux importations. Surtout de blé. Du fait aussi d’un modèle économique abracadabrantesque. Des pays producteurs comme le Cameroun et le Nigeria (dans une certaine mesure) ne raffinent pas leur pétrole. Se bornant, des décennies après l’indépendance, à importer le pétrole raffiné.

Toutefois, une lumière est née. Un peu partout sur le continent, on voit des dynamiques se former autour  la panification des farines locales (manioc, maïs, patate).

On assiste également

à un intérêt  accru des populations et des  médias pour l’agriculture. Ainsi pendant qu’un groupuscule d’Africains attend que Poutine vienne les ”libérer des Français”, une grande majorité se mobilise pour produire massivement afin de lutter contre la faim, le chômage, la pauvreté, la dépendance alimentaire, qui sont parmi les plus grands maux de l’Afrique.

En conclusion, la guerre en Ukraine a sonné un debut de réveil de l’Afrique. A quelque chose, malheur est bon!

Par Thierry Djoussi

Président de l’Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le développement (AJAD)

 

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