Education financière : Comprendre les fondements et la légitimité de  l’assurance [ Financia]

▌Dans un contexte de plus en plus marqué par la crise de confiance grandissante des populations vis-à-vis des compagnies d’assurances, FINANCIA se dote pour mission non seulement la sensibilisation des investisseurs sur l’intérêt de l’assurance, mais aussi et surtout la formation des assurés et souscripteurs des contrats aux notions de base des risques usuels notamment dans la branche IARDT.▌

 

 

Il s’agit pour nous d’apporter notre modeste contribution à l’accélération du processus de pénétration encore très faible. Cela est tributaire d’abord de la bonne compréhension par les assurés des garanties souscrites et leurs exclusions d’une part, et d’autre part l’indemnisation des assurés et victimes dans les délais légaux, gage du regain de la confiance d’antan envers les assureurs.

En effet pendant les souscriptions, au-delà du montant de la prime, élément non moins négligeable qui cristallise l’attention des assurés, des bonnes pratiques doivent être observées pour éviter les incompréhensions très souvent à l’origine des déceptions :

–              Bien remplir le questionnaire

–              Choisir les garanties en fonction de ses besoins

–              Lire intégralement le contrat en posant toutes les questions avant de signer

L’assureur ne devrait plus être perçu comme un bourreau mais plutôt comme le protecteur des investissements car l’adage est bien connu « Sans assurance il n’existerait pas de gratte-ciel à New York ».

La cartographie des assurances au Cameroun

Deuxième marché de la CIMA derrière la Côte d’ivoire, le Cameroun compte 25 compagnies d’assurances qui se partagent environ 128 milliards de FCFA dont 80% en assurance Dommages et 20% en vie pour un taux de pénétration d’environ 2% en 2017. En effet cette situation trouve également son fondement dans la faiblesse du pouvoir d’achat des populations et la carence de culture à l’assurance.

 

 

A titre d’illustration, comment comprendre qu’en dépit de l’accroissement fulgurant de notre parc automobile ces dernières années, l’assurance automobile représente seulement 30% du chiffre d’affaires global. Ce qui signifie que la majeure partie des propriétaires de véhicules circulent sans assurance. Cette situation s’est davantage accrue avec l’avènement de la loi de finances 2018 qui a conféré la collecte des Droits de Timbres Automobiles, plus connu sous l’appellation de « Vignettes automobiles » aux compagnies d’assurances.

Mais l’assurance automobile constitue malgré tout la grande partie des polices d’assurances, c’est à ce titre que nous nous appesantirons dans ce numéro, sur les garanties qu’offre cette branche d’assurance.

La garantie Responsabilité civile ou garantie obligatoire d’une part, et d’autre part plusieurs garanties facultatives à l’instar de la garantie « Dommages Tous Accidents » communément appelée « Assurance Tous risques », l’assurance vol, l’assurance incendie, Bris de glaces, Assistance à réparation…

Le faible pouvoir d’achat de la grande majorité des souscripteurs les oblige à se limiter uniquement à la garantie Responsabilité civile soit une proportion de 80% des souscriptions automobiles limitées à la garantie obligatoire dont l’objet oblige l’assureur à réparer tous les préjudices causés aux tiers par son assuré. Cependant, ces derniers ignorent très souvent les règles de mise en jeu de l’indemnisation de l’assureur, source de nombreux désagréments. Aussi convient-il de le rappeler, à la suite d’un accident de la circulation impliquant un ou plusieurs véhicules, les assurés et victimes doivent garder à l’esprit que leur indemnisation se fera en définitive selon le cas soit par l’assureur du véhicule déclaré responsable de l’accident pour les sinistres matériels : dans ce cas l’assuré ayant occasionné l’accident ne bénéficiera d’aucune indemnité. Pour les victimes corporelles, c’est l’assureur du véhicule qui les transportait qui est tenu d’indemniser. Enfin les piétons, c’est l’assureur du véhicule qui les a heurtés.

 

 

Donc contrairement à l’imagerie populaire, l’assurance est loin d’être une simple formalité pour fuire la police dans la mesure où d’aventure si un véhicule dépourvu de police d’assurance cause des dommages à autrui, en vertu de l’article 1382 du code civil, son propriétaire sera poursuivi personnellement pour la réparation du préjudice causé au tiers,  avec le risque de son insolvabilité qui entrainera par voie de conséquence l’absence d’indemnisation de la victime d’où l’urgence des contrôles par les autorités.

Imaginez-vous en circulation dans votre véhicule sans assurance et soudainement vous cognez un piéton (un homme marié, salarié avec 4 enfants en bas âge) qui traversait imprudemment la chaussée. Par la suite ce dernier décède à la suite de ses blessures, pire des situations à ne pas souhaiter. En plus de la procédure pénale pour homicide involontaire, vous serez confronté à la réparation du préjudice subi par les ayants droits du défunt évalué en termes de plusieurs millions de nos francs en fonction des revenus de ce dernier,  du nombre des ayants droit et leurs âges.

Des délais de règlement des sinistres de plus en plus écourtés

Au demeurant, il faut signaler une avancée considérable ces dernières années dans le sens du raccourcissement des délais de règlement de sinistres matériels lorsque le montant de l’indemnité est inférieur ou égal à 500 000 FCFA. En effet depuis le 1er novembre 2017, la convention IDA (Indemnisations Directe des Assurés) est entrée en vigueur : il s’agit d’un accord conclu entre les compagnies d’assurance du marché, bien que certaines soient encore frileuses, pour accélérer l’indemnisation des assurés à la suite d’accidents de la circulation. Il en ressort que le délai maximal d’indemnisation est fixé à 3 mois. Toutefois pour bénéficier de cette nouvelle procédure, les assurés doivent au préalable avoir bien rempli l’imprimé du Procès-verbal de constat amiable qui leur est remis systématiquement à chaque souscription.

En plus du délai d’indemnisation raccourci, cette convention regorge de nombreux avantages : en cas d’accident l’assuré est dispensé de débourser au moins 5 000 FCFA pour requérir les services de la police ou de la gendarmerie pour un constat. Ensuite un gain en temps. Cependant cette procédure n’est pas applicable dans les cas suivants :

-En cas dommages corporels (blessés, décédés)

– Le montant du préjudice matériel (la somme nécessaire pour la remise en état de votre véhicule) dépasse 500 000 FCFA

– Enfin en cas de carambolage (plus de 2 véhicules sont impliqués dans l’accident)

Par ailleurs, le paiement comptant des primes d’assurances entré en vigueur depuis le 1er octobre 2011 facilite la constitution de provisions par les compagnies d’assurance leur permettant ainsi de faire face aux sinistres avec plus de diligence.

Microassurance et digitalisation des services d’assurance

En somme, les populations gagneraient à dépasser leurs barrières psychologiques et à s’approprier des produits d’assurances adaptés à leurs besoins quotidiens. A ce titre il faut saluer les efforts des compagnies qui se sont lancés depuis quelques années dans la micro assurance pour permettre aux couches les plus défavorisées d’avoir des solutions d’assurances adaptées à leurs revenus. De plus la digitalisation des produits contribue considérablement à la simplification des processus.

Les garanties facultatives

En plus de la garantie obligatoire, il existe une panoplie de garanties facultatives :

1-Dommages Tous accidents : vulgairement appelée « Tous risques », son objet est de garantir les dommages subis par le véhicule assuré dans les conditions limitativement énumérées au contrat. Cette garantie est réservée pour les véhicules âgés de moins de 5 ans. L’indemnisation de l’assuré se fait directement par son propre assureur dans des délais assez réduits conformément aux clauses contractuelles.

 

2-Vol du véhicule : l’assureur garantit le remboursement de la valeur vénale du véhicule au jour du sinistre en cas de vol total ou de la valeur d’un accessoire en cas de vol partiel.

3-Défense et recours : cette garantie a deux volets, d’abord la défense oblige l’assureur à constituer un avocat pour assister l’assuré lors des audiences consécutives à un accident de la circulation, et le recours par lequel l’assureur poursuit l’assureur du véhicule adverse responsable de l’accident pour l’obliger à indemniser le préjudice causé à son assuré.

 

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