Le prix du pétrole brut chute à 90 dollars,  le gouvernement et le FMI vont-ils renoncer à augmenter les prix à la pompe ?

Les cours du pétrole brut continuent leur dégringolade, entamée le 10 août 2022. De 113 dollars US, le baril est  passé à 93 puis à 90 dollars le 15 août 2022. Revenant à son ”niveau d’avant la guerre en Ukraine”, écrit le quotidien français Les Échos du 17 août.

Les causes d’une brutale chute des prix

Selon les analyses, les cours  qui s’étaient envolés à 140 dollars peu après l’invasion russe en Ukraine (le 24 février 2022), font les frais de l’essoufflement de l’activité économique dans les pays industrialisés à l’instar des États Unis d’Amérique et la Chine. Or, pour que le pétrole se vend mieux il faut que les machines tournent à fond.

Est-ce une dégringolade passagère ou durable?

A cause ou grâce à la bonne santé des négociations sur le nucléaire iranien, le prix du pétrole brut va connaître une chute abyssale. L’Iran, c’est 1,3 millions de barils par jour. Dans la perspective d’une réintégration de  Téhéran dans le marché international, la valeur du pétrole va dégringoler du fait d’une offre surabondante. D’après les experts, le régime des Mollah a trop besoin de cash,  afin de répondre à la grogne sociale latente, pour se montrer sensible à l’appel de l’OPEP de réduire les exportations pour équilibrer l’offre et la demande. Conclusion : l’or noir verra sa valeur baisser  pour très longtemps encore.

Le gouvernement camerounais et son complice le FMI vont-ils renoncent à leur projet funeste d’augmenter les prix à la pompe?

Si la logique était le maître mot de nos dirigeants, on n’hésiterait pas à répondre par oui.

Toutefois, plusieurs curiosités se dégagent. Ce gouvernement est subitement muet depuis que les cours du pétrole brut ne font que dégringoler. Plus de ramdam, plus d’Unes ”groupées” sur l’intenable facture de la subvention des produits pétroliers. Une hausse de prix à la pompe ne se justifie plus au regard du contexte actuel marqué par une tendance baissière du pétrole brut. Le gouvernement devra normalement le faire savoir aux populations pour, d’une part, les rassurer et, d’autre part, décourager les appétits pécuniaires des professionnels de la spéculation.

Toutefois,  le mutisme du gouvernement ne surprend pas grand-monde. Qui ignore les accointances de certains ministres avec les milieux des traders?  La chute des cours du pétrole brut est une bonne nouvelle pour le peuple camerounais, mais une mauvaise nouvelle pour ces ministres qui ratent-là une occasion de s’enrichir rapidement par le biais de retrocommissions qu’aurait générée la hausse du prix du carburant à la pompe.

Traditionnellement, le Cameroun vend son pétrole brut et achète le même produit, mais raffiné. C’est ce pétrole qui est vendu dans les stations-service. Il va de soi que ce que le Cameroun perd en vendant son pétrole à un prix du marché bas, il le compense en achetant un pétrole raffiné à un cours nettement inférieur à celui pratiqué pendant les premiers mois de la guerre en Ukraine (c’est à dire avant le 10 août 2022), et qui était le socle de sa communication effrénée sur une inévitable hausse du prix du carburant.

Ainsi donc pour ne plus fâcher le FMI, qui se plaint des envolée des dépenses publiques camerounaises, ce gouvernement devra chercher à réaliser des économies ailleurs, pourquoi pas sur son train de vie et sa taille démesurée (plus de 60 membres. Ce qui en fait un des gouvernements les plus pléthoriques au monde). Une lutte véritable contre la prédation économique est aussi une solution contre les dépenses publiques tant décriées. Au Cameroun, l’unité de détournement des fonds publics, c’est le milliard!

Déjà essorés par tant de gabegie, de nombreux compatriotes, qui peinent à manger deux fois par jour, souffriront plus encore en cas d’augmentation du prix du carburant. Car, les conséquences en chaîne seront terribles pour le panier de la ménagère  du fait de la flambée, dans les centres urbains, du prix des produits agricoles. Vigilance donc!

Thierry Djoussi

Président de l’Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le développement (AJAD)

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