Alors que la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes est en cours, une nouvelle étude révèle la lenteur des progrès accomplis dans la restauration des terres dégradées en Afrique et appelle à des efforts accrus en faveur de l’action climatique.

NEW YORK, USA, le 29 Septembre 2021,-/African Media Agency (AMA)/-Le tout premier bilan de la restauration des forêts et des paysages d’Afrique, présenté mercredi à l’occasion de la Semaine africaine du climat, montre qu’il reste beaucoup à faire pour exploiter pleinement l’énorme opportunité qu’a le continent de remettre les terres en état de production durable, de protéger la biodiversité ainsi que les moyens d’existence des populations, dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.

Jusqu’à 65% des terres productives sont dégradées, tandis que la désertification touche 45% des terres en Afrique. Si la tendance générale est à la baisse, la perte nette de forêts continue d’augmenter en Afrique, avec quatre millions d’hectares de forêts qui disparaissent chaque année. Les zones arides d’Afrique sont très vulnérables au changement climatique et leur restauration est une priorité pour l’adaptation et la mise en place de systèmes alimentaires résilients et durables.

L’Examen de l’État de la restauration des forêts et des paysages en Afrique 2021 est une analyse conjointe réalisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD et présente les succès obtenus jusqu’à présent ainsi que les difficultés et les opportunités qui subsistent à travers le continent pour restaurer les terres dégradées à cause de la conversion et le défrichement des forêts, la surexploitation des ressources naturelles, l’urbanisation, la sécheresse et d’autres facteurs.

Disparition de forêts

« Malgré nos efforts, chaque année, davantage de forêts disparaissent, ce qui coûte au continent une perte de 3% de son PIB », a déclaré Abebe Haile-Gabriel, Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional pour l’Afrique dans l’avant-propos du rapport.

« Les paysages forestiers dégradés intensifient les effets du changement climatique et constituent un obstacle à la construction de communautés résilientes et prospères alors que 60% des Africains dépendent de leurs terres et de leurs forêts », a-t-il ajouté.

« La nécessité urgente d’inverser ces tendances négatives et dévastatrices a incité les dirigeants africains à s’engager dans la restauration des écosystèmes du continent. À travers sa feuille de route pour le développement, l’Agenda 2063, le continent africain s’engage dans la restauration des  écosystèmes à travers la protection, la restauration et la promotion de l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, en gérant durablement les forêts et en luttant contre la désertification », a déclaré Dr Ibrahim Assane Mayaki, Directeur général de l’Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD, dans son avant-propos. « Cet examen des approches actuelles et l’exploration des opportunités émergentes sont essentiels pour accélérer les efforts de restauration ».

L’engagement local est la clé du succès

La plupart des projets examinés dans ce rapport ont une forte dimension de changement climatique, visant non seulement à séquestrer le carbone, mais aussi à créer des emplois, à réduire les vulnérabilités des populations rurales à l’insécurité alimentaire et à les aider à s’adapter aux changements climatiques.

Le rapport a identifié l’appropriation locale et l’engagement des parties prenantes comme des facteurs fondamentaux de réussite. Le soutien politique de haut niveau et l’accès au financement sont également essentiels.

Les difficultés liées au financement à long terme, au régime foncier et aux droits de propriété constituent des défis majeurs, au même titre que l’insécurité et les conflits, le manque de capacités techniques et l’accès restreint en raison de la faiblesse des infrastructures.

« La restauration des forêts et des paysages, qui va bien au-delà de la plantation d’arbres, est une approche globale visant à ramener les arbres et les forêts dans les paysages où ils ont été perdus. Elle présente de grands avantages pour la production alimentaire durable, le renforcement de la résilience et la réduction des risques de catastrophes », a déclaré Nora Berrahmouni, fonctionnaire principale chargée des forêts au Bureau régional de la FAO pour l’Afrique et l’une des principales auteures du rapport. « Les pays africains et leurs partenaires doivent continuer à intensifier leurs efforts de restauration des forêts et des paysages en tant que solution viable au changement climatique et mieux construire en réponse à la Covid-19, tout en protégeant leur capital naturel. C’est un processus à long terme mais c’est une solution durable et tournée vers l’avenir ».

Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.

EN BREF :

  • L’Afrique compte un milliard d’hectares de terres arides, dont 393 millions d’hectares devant être restaurés dans les zones de la Grande Muraille verte africaine, y compris 33 millions d’hectares à restaurer en Afrique du Nord, 162 millions d’hectares dans les pays du Sahara-Sahel et 198 millions d’hectares dans les pays du Kalahari-Namib.
  • 31 gouvernements africains sont engagés dans le cadre de AFR100 à restaurer 100 millions d’hectares d’ici 2030 – un défi déjà dépassé. En juin 2021, 129.912.800 hectares ont été promis à la restauration dans le cadre de l’AFR100. 
  • On estime que l’Afrique compte 132 millions d’hectares supplémentaires de terres cultivées dégradées – combinés au changement climatique, cela accroît la vulnérabilité de millions de personnes.
  • Environ 45% des terres africaines sont touchées par la désertification, dont 55% présentent un risque très élevé de désertification.
  • En Afrique, le programme Action contre la désertification de la FAO, qui soutient l’Initiative de la Grande Muraille verte, travaille avec les communautés locales, les gouvernements et la société civile pour restaurer les terres dégradées dans plusieurs pays: Burkina Faso, Éthiopie, Gambie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Soudan. Entre 2015 et 2020, 63.000 hectares de terres dégradées ont été plantés pour amorcer leur restauration et enrichis de plus de 12 millions de plants et de 120 tonnes de semences forestières provenant de plus de 100 espèces locales d’arbres et de graminées fourragères.  Le programme a été initialement soutenu par l’Union européenne et a été étendu grâce aux contributions de la Turquie et d’autres donateurs.
  • Le coût de la restauration est très variable. L’étude a révélé qu’à Madagascar, les coûts sont estimés à 680 dollars par hectare, alors qu’en Éthiopie, ils sont estimés entre 87 et 1.445 dollars.

Source : African Media Agency (AMA)

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