Scandale au Cameroun – Nathalie Koah « traitée en paria» par l’Eglise catholique : La Comicodi dénonce
Dans une lettre adressée à l’Abbé, Pr. Jean Bertrand Salla , Recteur de l’Université Catholique D’Afrique Centrale , le Président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI) le Pr Shanda Tonme, a exprimé sa désapprobation des mesures de discrimination, d’exclusion et le marginalisation à l’encontre de Nathalie KOAH , ainsi que des brimades à l’égard des étudiants de la filière Marketing et Communication Vente. « Il ne me semble pas acceptable de la traiter en parias, simplement parce qu’elle a eu le courage de porter sur la place publique, le témoignage de sa vie, de son enfance, de ses déboires, de ses espoirs et ambitions. On ne saurait plaider pour une éducation responsable, intégrale, honnête et sincère, en pratiquant la marginalisation et le rejet des âmes vives, jeunes et désireuses de partager pour mieux préparer, prévenir et éveiller les nouvelles générations. » A déclaré Shanda Tonme avant de poser cette question à l’Abbé Jean Bertrand Salla : « Même l’école logée dans la maison du Seigneur refuserait-elle d’héberger, des êtres valeureux écrasés et oppressés par le poids de l’argent ? ».
LETTRE A L’UCAC EN DEFENSE DE NATHALIE KOAH
Le Président, Médiateur Universel
A l’Abbé, Pr. Jean Bertrand Salla, Recteur de l’Université Catholique
D’Afrique Centrale, Yaoundé
Yaoundé, le 22 Mars 2021
Réf : 128/DEN-DIS/0321
Objet : Désapprobation des mesures de discrimination, d’exclusion et de marginalisation à l’encontre de Mlle KOAH NATHALIE, ainsi que des brimades à l’égard des étudiants
de la filière Marketing et Communication Vente.
Monsieur le Recteur,
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous présente ses compliments, et vous informe qu’elle a reçu des milliers de sollicitations pour porter auprès de vous et de l’ensemble de la direction de la prestigieuse institution universitaire placée sous votre supervision, leurs protestations pour les faits dont je me fais le devoir de répercuter la substance.
Il s’agit en l’occurrence, de l’interdiction de la présence et de la prise de parole, de notre jeune compatriote Koah Nathalie, artiste, entrepreneur et chef d’entreprise suffisamment connue pour sa présence dans l’actualité. En effet invitée pour intervenir comme panéliste, dans une conférence organisée par les étudiants de la filière « Marketing et Communication Vente », sa présence aurait été jugée inappropriée. Elle venait parler de son expérience commerciale, de la stratégie de communication autour de ses produits et de ses entreprises, et non de problèmes personnels.
Par ailleurs, tout le programme de manifestations académiques, professionnelles, événementielles et didactiques majestueusement et patiemment planifié par les jeunes apprenants, futurs cadres, communicants et opérateurs des relations publiques et commerciales, aurait été annulé.
Aussi, sous toute réserve et en restant respectueux du libre droit de l’université de décider et d’appliquer tout code disciplinaire de sa convenance, je vous exprime la désapprobation de notre organisation, pour la discrimination dont la jeune chef d’entreprise est victime. Il ne me semble pas acceptable de la traiter en parias, simplement parce qu’elle a eu le courage de porter sur la place publique, le témoignage de sa vie, de son enfance, de ses déboires, de ses espoirs et ambitions. On ne saurait plaider pour une éducation responsable, intégrale, honnête et sincère, en pratiquant la marginalisation et le rejet des âmes vives, jeunes et désireuses de partager pour mieux préparer, prévenir et éveiller les nouvelles générations. Même l’école logée dans la maison du seigneur refuserait-elle d’héberger, des êtres valeureux écrasés et oppressés par le poids de l’argent ?
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Je suis depuis longtemps avec une particulière attention, les différentes articulations de la vie de cette jeune fille de famille pauvre devenue consciente, fière, remplie d’orgueil et de talents, mais aussi d’humilité. Elle aspire aujourd’hui à être prise en considération comme modèle ou anti modèle, selon chacun, mais qui s’est débarrassée des complexes quelconques. Elle mérite le salut de la société, des éducateurs et des décideurs de toute nature. Nathalie Koah est le parfait produit de notre société, et elle n’est en réalité que la voix de centaines de milliers de jeunes filles d’ici et d’ailleurs, qui évoluent parfois dans un silence trouble, cruel voire mortel. Elle a pu se relever, s’en sortir et avancer. Il faut l’écouter, la laisser communiquer d’avantage, raconter, instruire et partager.
Et puis, le fait que cette expérience, implique à un moment de sa vie, un de nos compatriotes admiré, sportif de renom qui a su représenter et continue de représenter nos emblèmes dans le monde, n’est en rien une excuse ni un handicap. Nous gardons pour Samuel Eto’o fils, toute l’affection et la considération méritées qu’il a su construire par son talent exceptionnel dans le football, de même que son habileté managériale des relations publiques. Il est surtout pour moi aussi, et définitivement, une idole pour la jeunesse, un modèle d’abnégation, de partage et d’humanisme comme témoigne le pavillon pédiatrique de centaines de millions de Francs CFA offert à l’hôpital Laquintinie de Douala.
S’agissant cette fois de vos étudiants lourdement pénalisés par la suppression de leurs activités programmées de longue date, il y a le risque de conclure à une dictature injustifiable des parents, des adultes, des éducateurs et des puissants conservateurs, qui acceptent mal des initiatives innovantes au-delà des carcans et des avatars des privilèges des générations dominantes.
Enfin, au moment où ces lignes sont formulées, je m’empresse de réitérer, à toute l’institution ainsi qu’à vous-même, le soutien, la reconnaissance et les encouragements de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), pour la contribution très appréciée à la formation d’une pléiade de cadres talentueux, dont l’expertise au développement de notre pays ne souffre d’aucun doute.
Puisse notre démarche, vous convaincre de réviser votre manière d’envisager l’éducation et la formation des apprenants, en laissant libre cours à plus d’ouvertures, à plus d’initiatives et à plus d’innovations. Sans ambition d’oser et de quitter les sentiers battus, l’élan de la jeunesse est condamné à la stagnation, à la répétition paresseuse et ultimement au recul.
Tout cela entendu et consigné, nous ne perdons pas espoir que la jeune entrepreneure puisse partager très prochainement, son expérience de travail comme communicatrice et influenceuse sociale, avec vos étudiants à une autre occasion, tout comme il sera autorisé aux dits étudiants, de se déployer davantage dans l’événementiel, pour la grandeur, la crédibilité et la saine réputation de l’Université catholique d’Afrique centrale. Je suis personnellement acquis à la certitude de votre bonne foi.
Vous en souhaitant une excellente réception et comptant sur votre diligente compréhension, je vous prie d’accepter, Monsieur le Recteur, l’expression de mes salutations fraternelles./.
SHANDA TONME »