Comment le NDI opère en Afrique : Entretien avec Dr Christopher FOMUNYOH

Invité de MD1TV le 18 novembre 2020, Dr Christopher Fomunyoh, Monsieur Afrique de l’Institut national démographique ( NDI ),  présente cette organisation non gouvernementale américaine pour « promouvoir la démocratie à travers le monde » et  parle de son impact sur le continent sans oublier son mode opératoire. A5 News  vous livre l’intégralité de cette interview accordée à MD1TV.

 

 

 

Bienvenue Monsieur Christopher Fomunyoh.

C’est un grand plaisir de vous retrouver.

Avec vous, nous allons connaitre davantage le NDI. Dites-nous qu’est-ce que le NDI ?

Le NDI c’est une organisation non gouvernementale à but non lucratif, qui a été créée dans les années 80 pour soutenir et promouvoir la démocratie à travers le monde. Nous sommes au  jour d’aujourd’hui représentés dans 57 pays à travers le monde. Nous sommes présents sur tous les continents et nous travaillons de façon non partisante avec les parties politiques, les élus, les organisations de la société civile, les jeunes, les femmes tous ceux qui œuvrent pour la consolidation de la démocratie.

1983 plus de 30 années d’existence du NDI ?

Oui !

 Est-ce qu’on peut voir un peu un petit bilan de toutes vos initiatives en Afrique ?

Effectivement on peut faire le bilan, parce que l’on peut voir sur le continent africain, des pays dans lesquels le concours du NDI a porté. Mais en même temps, il faut se rendre à l’évidence que   la démocratie est une œuvre inachevée. Donc, ça doit se travailler au quotidien, à tout moment. Donc il y a des pays dans lesquels nous  avons eu un impact, mais qui au bout d’un certain temps ont encore reculés. Ce qui fait qu’au jour d’aujourd’hui on est encore engagé plus que par le passé parce que la démocratie mérite d’être soutenue de façon permanente.

 

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D’accord vous l’avez dit, la démocratie a un goût d’inachevé. Donc nous sommes dans les processus démocratiques en Afrique. De toute l’expérience que vous avez, est-ce que vous pensez que la démocratie est bien pour l’Afrique ou l’Afrique est faite pour la démocratie ? Ou du moins on peut avoir ce modèle mais l’adapté à sa façon ?

Effectivement nous le disons que la démocratie  n’a pas une taille unique parce que chaque pays doit tenir compte de son contexte pour mettre en place des institutions et parties démocratiques. Mais en même temps nous reconnaissons qu’il y a des valeurs universelles, par exemple la question de  liberté d’expression, d’association, d’aller et de venir, le droit à la parole, le droit à la représentation ou la  représentativité. Toutes ces valeurs sont universelles, ça s’appliquent un peu  partout. Mais quant à la mise en place spécifique des institutions, cela dépend du contexte  national  dans chacun des pays dans lesquels nous exerçons nos activités.

 

 

 

Vous êtes également un habitué du modèle américain de la démocratie, vous connaissez d’autres modèles. Mais qu’est ce qui se passe en Afrique pour qu’après les élections des fois on a des crises postes électorales ?

Oui c’est une bonne question. Je crois que c’est une question qui me permet de clarifier que contrairement à ce que certains peuvent penser, les élections ne sont pas source de conflit. C’est des élections mal organisées qui deviennent des artifices pour des conflits dans certains de ces pays. Mais si non, les élections biens organisées vont plutôt dans le sens de consolider la démocratie et de la renforcer davantage. Si nous prenons par exemple un pays comme l’Afrique du Sud qui a connu l’origine de l’apartheid, mais par la suite l’élection de Nelson Mandela, vous avez vu ce que ça a donné à l’image de l’Afrique du Sud et même du  continent parce que chacun de nous, en tant que noir se promenait avec tant de fierté, parce que Nelson Mandela a été élu président de l’Afrique du Sud. Je veux prendre un pays comme le Mozambique qui a fait une guerre, connue une guerre civile longue dans les années 1992-94. Le Mozambique a connu de bonnes élections qui ont permis à tous ceux qui étaient dans la guerre civile de se retrouver dans le champ politique et de continuer à œuvrer pour le développement économique et politique de ce pays-là. Donc les bonnes élections peuvent consolider la démocratie comme on voit même à côté au Ghana, en Sierra Leone, au Libéria. Mais des élections mal organisées peuvent donc dégénérer en conflit et c’est ce que nous devons tous éviter.

Avoir des institutions fortes en Afrique, comment comprendre cela ? Qu’est-ce que ça dit de façon concrète ? 

C’est-à-dire qu’il faut mettre en place des institutions qui supervisent, pas cadrer des institutions  autour d’une seule personne ou des personnalités, parce que nous sommes tous des humains. Mais plutôt créer des institutions qui tiennent compte du contexte national et qui crée des espaces pour que chaque citoyen s’identifie dans ces institutions-là. Pour leur donner leur place et pour les respecter et que ces institutions fonctionnent de façon impartiale, pour ne pas favoriser tel ou tel candidat, tel ou tel partie politique. Je crois que c’est dans ce sens qu’on peut parler des institutions fortes et effectives, légitimes qui requièrent vraiment la compassion de l’ensemble des populations.

 

 

 

 

D’accord le NDI, quel est votre mode opératoire lorsque vous devez vous déployer dans un pays pour accompagner un processus ?

C’est-à-dire que nous avons un mode opératoire qui est très facile, dans ce sens que nous répondons aux invitations qui peuvent venir par exemple des états, comme ça peut venir des partis politiques,  comme ça peut venir des organisations de la société civile. Mais nous œuvrons à chaque fois que nous sommes appelés à apporter une contribution dans un pays donné, de travailler en partenariat avec les nationaux pour les accompagner, parce que c’est eux les acteurs principaux. Donc notre rôle c’est de les accompagner, de les appuyer, et de partager avec eux les expériences, les expertises que nous avons développées pour faciliter leur travail.

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Quels sont entre autres, les difficultés du NDI dans certains pays ? Autrement dit, est-ce que le NDI s’est buté à des difficultés au point de dire quelle a échoué ailleurs ?

Oui effectivement, vous savez la politique est faite par des hommes et il y a des moments où la mauvaise humeur de certain acteurs peut rendre la tâche très difficile et très compliquée. Et nous constatons justement que dans certains pays où des espaces politiques sont en pleine restriction, il devient très difficile d’être présent. Si non on peut être accusé de porter une légitimité aux institutions qui ne sont pas légitimes ou bien se heurter aux  autocrates qui ne voudraient pas que leurs propres citoyens puissent se libérer, puissent s’imprégner des connaissances qui leur permettraient de revendiquer leurs droits et de participer activement dans la politique du pays concerné. Donc ces difficultés existent, mais ça ne nous décourage pas. Au contraire, cela nous donne une impulsion de vouloir faire d’avantage pour que la démocratie prenne droit de cité à travers notre continent comme ça se voit ailleurs sur d’autres continents également.

 

 

 

 

Chaque année le NDI  décerne un prix de la démocratie. Il y a une bourse d’étude. Parlons du prix de la démocratie, que vise-t-il et comment les critères pour l’avoir ?

Effectivement ce prix de la démocratie qui est donné chaque année à une personnalité internationale et une personnalité américaine, vise à encourager, à reconnaitre d’abord les efforts des uns et des autres. Parce que comme nous le disions tout à l’heure, il y a des milliers de personnalités, même des activistes de la société civil qui se battent au quotidien dans leurs pays respectifs pour que la démocratie puisse prospérée. Nous avons estimé en tant qu’institut de destiner ce prix chaque année à une personnalité qui est en train de travailler pour la démocratie de valoriser  son travail pour que ça soit reconnu sur le plan international. Effectivement, il y a des personnes qui se battent et très souvent dans des conditions très difficiles pour que la démocratie puisse prospérer.

 Parlons de la bourse, une bourse d’étude également ?

Oui la bourse de l’étude c’est pour faciliter surtout des opportunités aux jeunes. Parce que nous avons constaté également que la démocratie, n’a pas une école, une université où on peut aller et au bout de 3 ans obtenir une licence en démocratie. Mais le fait d’être dans certains milieux, dans un milieu où ça se pratique permet à tout un chacun d’acquérir  de nouvelles connaissances. Donc nous avons institué cette bourse pour donner des opportunités, surtout aux jeunes qui peuvent venir aux Etats-Unis pendant certaines périodes, dialoguer et échanger avec les personnes sur place et acquérir des expériences qui peuvent les aider au retour dans leur pays de continuer à jouer un rôle positif.

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Comment est-ce que le NDI voit le développement du continent par rapport aux processus démocratique d’ici à 20 ans ?

Il faut reconnaitre aussi que ces dernières années la démocratie a été malmenée non seulement en Afrique mais aussi sur d’autres continents. On voit ce qui se passe aux Etats-Unis d’Amérique par exemple, on voit ce qui se passe en Europe de l’Est, en Asie pour certain pays.

Je peux déjà dire que pour quelqu’un comme moi qui a été là pendant les transitions des années  90. Nous avons constaté qu’à l’époque, vraiment il y avait comme une certaine euphorie dans ce sens que la démocratie était en train de naître et il y avait vraiment des attentes très élevées et des espoirs que la démocratie allait susciter. Mais depuis les années 90, bon c’est vrai qu’il y a eu des  avancées, mais depuis les 10 dernières années, nous avons pu constater des aboutissements qui font à ce que nous ayons des inquiétudes. Mais je crois qu’il faut reconnaitre aussi que ces dernières années la démocratie a été malmenée non seulement en Afrique mais aussi sur d’autres continents. On voit ce qui se passe aux Etats-Unis d’Amérique par exemple, on voit ce qui se passe en Europe de l’Est, en Asie pour certain pays. Donc je crois que c’était une période difficile, mais notre espoir c’est que la pendule revienne dans la bonne direction et que la jeunesse africaine qui constitue 75 % de la population africaine qui a moins de 35 ans, que cette jeunesse qui aspire à être gouvernée différemment, qui aspire à de bonne pratique, qui aspire à une gouvernance transparente et crédible et effective à l’ écoute des populations, que cette jeunesse va sauver notre continent et va permettre à l’Afrique de se repositionner sur l’échiquier mondial.  C’est notre espoir.

Et votre appel a  certainement été entendu, c’est la fin déjà  de cette émission merci Christopher Fomunyoh d’avoir accepté notre invitation.

C’était un plaisir.

 

Une transcription de  Transcriptor Pro,  Branding Africa pour A5 NEWS

 

 

 

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