Cacaoculture en Côte d’Ivoire : Ce rapport américain qui dérange
La Côte d’Ivoire et le Ghana refusent de valider le rapport préliminaire commandité par le Département américain du travail (DOL) et relatif au travail des enfants dans ces pays respectifs.
Rappelons qu’un rapport des chercheurs de l’Université de Chicago financé par le département américain du Travail , avait récemment souligné que le recours au travail des enfants dans les plantations de cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire ont augmenté de 10% au cours de la dernière décennie, et ce, malgré les promesses de l’industrie de réduire ce nombre de 70%.
Dans les détails, à l’instigation du sénateur Tom Harkin et du député (représentant) américain Eliot Engel, l’industrie mondiale du cacao a signé en 2001 un engagement volontaire pour respecter dans la filière cacao la Convention 182 de l’Organisation international du travail (OIT) qui interdit les pires formes de travail des enfants. Suite à cela, une première enquête a été menée durant la campagne 2008/09, puis une deuxième en 2013/14, toutes deux par l’Université de Tulane aux Etats-Unis et sur financement du Département américain du Travail (USDOL). Cette troisième enquête a été conduite durant la dernière campagne 2018/19 mais cette fois effectuée par l’Institut de recherche NORC de l’Université de Chicago, toujours sur financement de l’USDOL.
Dénonçant une insuffisance dans la méthodologie, les deux pays en cause estiment que le changement d’équipe de recherche pour réaliser cette enquête a eu pour conséquence que les données récoltées ne seraient pas comparables d’une période à l’autre et faussent donc les conclusions à en tirer.
C’est pourquoi, le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS) déclare que la Côte d’Ivoire ne peut approuver l’enquête 2018/19 dans sa version actuelle. Selon le CNS, il existerait des lacunes qui comprennent l’échantillonnage et l’extrapolation ainsi que des problèmes liés à la période de référence pour la collecte des données, rendent impossibles toute comparaison précise entre certaines données clés de l’enquête de NORC et celles de l’Université de Tulane et entraîneraient probablement des conclusions trompeuses à tirer de l’enquête de NORC.
Rappelons que déjà début avril, le porte-parole du Cocobod au Ghana, Fifi Boafo, avait rejeté les conclusions du projet de rapport; avec pour motif que la méthodologie utilisée était mauvaise comme la façon dont certaines question ont été formulées. Pour sa part, la Fondation mondiale du cacao avait déclaré que les multinationales du cacao étaient en retard par rapport à leurs calendriers pour éradiquer le travail des enfants mais avaient alors dit que le rapport n’était pas complet et qu’il ne pouvait donc pas encore se prononcer. Nestlé, Mars et Hershey avaient aussi déclaré, début avril, qu’il était encore trop tôt pour se prononcer sur ce projet de rapport. Ni le gouvernement américain, ni l’université de Chicago n’ont encore commenté. Dans le rapport, les chercheurs reconnaissent certaines erreurs dans les statistiques de 2013/14 collectées par les chercheurs de l’université de Tulane, mais ont souligné qu’ils avaient pris des mesures pour que cela n’impacte pas les nouvelles données.
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