Côte d’Ivoire : Un mandat d’arrêt pour évincer Guillaume Soro
En émettant un mandat d’arrêt contre l’ancien chef rebelle et candidat à l’élection présidentielle de 2020, les autorités ivoiriennes tentent de vouloir écarter le principal challenger du Président Alassane Ouattara, à la course au fauteuil présidentiel.
C’est peu de dire qu’Alassane Dramane Ouattara mise gros sur cette démarche peu élégante de la justice ivoirienne. En émettant le mandat d’arrêt contre son ancien premier ministre et ancien président de l’Assemblée National, Guillaume Soro, l’actuel Chef de l’Etat sais que la stabilité de la Côte d’Ivoire pourrait prendre un sérieux coup. Tant les évènements, suite au spectacle déshonorant et humiliant du coup de force appuyé par les soldats français, pour déloger le président Laurent Gbagbo, ainsi que les blessures du passé, sont encore inscrit dans la mémoire collective. Plusieurs sources gouvernementales affirment que, les relations entre Paris et Yamoussoukro sont aux beaux fixes. Toute chose qui pourrait expliquer la manœuvre actuelle de resserrer l’étau autour de l’ex-chef rebelle, qui a officiellement manifester son intention de prendre part à l’élection présidentielle de 2020.
La stratégie de l’usure
En tournée européenne depuis quelques mois, Guillaume Soro était annoncé rentrer à Abidjan le lundi 23 décembre 2019. Le jet privé à bord duquel il a embarqué à Paris devrait initialement l’emmener en Côte d’Ivoire, mais il a été détourné vers le Ghana “pour des raisons de sécurité”, a-t-il déclaré son conseiller, Alain Lobognon. « La journée du 23 décembre 2019 demeurera dans ma mémoire un bien triste et douloureux souvenir. La brutalité de la répression qui s’est abattue sur les adhérents de GPS et de tous les Partis politiques et mouvements politiques proches ainsi que des citoyens innocents est inacceptable »; a dénoncé Guillaume Soro sur sa page officielle. Aucune source officielle n’a fourni de détails sur les allégations spécifiques contre Soro. Une stratégie qui consisterait selon certains observateurs à le garder hors du territoire ivoirien, afin de l’écarter malicieusement, tout comme Laurent Gbagbo et Ble Goude, de cette échéance majeure.
Atterrissage manqué
En Côte d’Ivoire, des policiers avaient investi le siège de Guillaume Soro à Abidjan. L’ancien président de l’Assemblée Nationale, ancien chef rebelle et candidat à l’élection présidentielle de 2020, se retrouve ainsi de plein fouet dans la réalité de la politique à la Ouattara. « Qui aurait cru cela possible de l’homme providentiel venu du FMI, Moi le dernier. » Et c’est bien fait pour ma gueule », a-t-il déclaré avant de reprendre la route pour l’Espagne.
Dans le récit fait par l’ex-président de l’Assemblée ivoirienne, l’on perçoit entre les lignes, toute la douleur d’un atterrissage manqué, à la fois sur sa terre natale, mais également sur les terres voisines d’Afrique. «Nous voici donc sur la terre Africaine du Ghana. La décision est toute prise; nous débarquerons sur Accra pour continuer notre périple s’il le faut. Le commandant de bord serait j’imagine très heureux de larguer là, ces passagers devenus forts encombrants. Je lui demande de contacter les autorités Ghanéens pour notre débarquement. Niet! La terre africaine du Ghana de Nkrumah nous est interdite à la demande du Président Ouattara. Après des heures de pourparlers ne pouvant entrer dans la ville d’Accra, seuls des pays Européens acceptent notre atterrissage. O Afrique mon Afrique. »
Trajectoire de chef de guerre
Soro, 47 ans, a dirigé les rebelles qui ont tenté sans succès d’évincer le président Laurent Gbagbo du pouvoir en 2002, avant d’installer Alassane Ouattara à la présidence lors d’une brève guerre civile après une élection contestée en 2010. L’ancien syndicaliste et chef rebelle ivoirien a indiqué être candidat à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. Une annonce qui fait de lui le premier candidat déclaré à la présidentielle.
Bien plus, de principal challenger de Ouattara. Il rêve d’un destin de chef d’Etat, diriger entièrement le pays qu’il a contrôlé en partie grâce aux armes. Guillaume Soro, baptisé “l’armurier” par ses détracteurs s’est trouvé une voie politique après avoir flirté avec la poudre à canon. Ce changement radical auréolé d’un appel à la réconciliation et au pardon semble être diversement apprécié. Alors que ses partisans voient en lui “un leader éclairé” avec une noble vison politique et de changement pour la Côte d’Ivoire.
Par Thierry Eba / Afrique-54.com / Afrique
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