Monnaie : L’avenir du francs CFA s’invite aux échanges
Les ministres de l’Économie et des Finances africains étaient en conclave dans le cadre de leur traditionnelle rencontre monétaire avec leur homologue français Bruno Le Maire, les 10 et 11 octobres 2019 à Paris.
C’est un rituel bien inscrit dans la gouvernance monétaire de la zone franc. Tous les six mois, les ministres des États de la zone qui regroupe 14 pays d’Afrique subsaharienne, les Comores et la France, se réunissent, tour à tour en France et en Afrique, en vue de passer au crible les grands enjeux économiques et monétaires de l’heure.
Le conclave se tient cette fois-ci sous le ciel de Paris dans un contexte économiquement marqué par la rareté de devises. Et où le débat autour de l’une des plus vieille monnaie de la planète encore en service, bat son plein. Un moment particulièrement difficile pour le ministre de l’Économie et des Finances français, Bruno Lemaire, qui a accueilli ses homologues de la zone ainsi que les présidents de banques centrales et d’institutions régionales de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UMEOA), de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et des Comores.
Le débat autour du franc CFA fait rage on le sait, notamment depuis la parution, il y a trois ans, d’un ouvrage collectif posant la question de savoir à qui profitait cette monnaie créée pendant la colonisation, aujourd’hui arrimée à l’euro. Les 14 pays africains qui utilisent cette monnaie doivent déposer 50% de leurs réserves de change à la Banque de France qui gère le compte des opérations. Face à une partie de l’opinion qui veut que ces pays coupent le cordon monétaire qui les relie à Paris, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire rétorque : « La zone franc apporte des avantages et des garanties, la stabilité, la prospérité économique. Il y a des attentes, elles se manifestent et nous les entendons. L’initiative doit venir des États membres de la zone franc.»
Faisant partie d’un ensemble économique plus vaste, les pays de la zone franc en Afrique de l’Ouest ont déjà lancé l’initiative politique de créer l’éco, une monnaie qui devrait voir le jour en juin prochain. « Les chefs d’État ont reconnu que l’UEMOA seraient prêts à basculer en 2020 à basculer à la monnaie éco. Mais en attendant que tout le monde soit dans l’union, le régime de change de la monnaie Cédéao est un régime de change flexible avec ciblage d’inflation, mais tant que l’ensemble des quinze pays de la Cédéao ne seront pas dans la monnaie, nous allons garder la fixité de la parité euro et CFA transformé éco.»; a déclaré Romuald Wadagni, ministre béninois de l’Économie et des Finances et président du conseil des ministres de l’UEMOA, l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Du côté de la zone CFA d’Afrique centrale, aucune initiative de réforme de cette monnaie n’a été avancée jusqu’ici.
Autre sujet au menu de cette rencontre, en bonne place, l’évolution des indicateurs macroéconomiques. « Dans ces trois ensembles, les pays de la zone franc se portent mieux, assure-t-on à la direction générale du Trésor français, qui estime prudemment à 6,6% le taux de croissance en UEMOA cette année, sachant qu’il faut tenir compte de la part significative de l’économie informelle ». La santé de la zone Cemac en proie à toutes sortes de crises, a été passée en revue. Et y ressort une évolution à des rythmes variables dans les six pays de l’Afrique centrale qui la composent, en opérant globalement un début de sortie de crise après le choc subi au lendemain de la chute des cours pétroliers en 2014.
Par Thierry Eba / afrique-54.com / Afrique
Source photo : finances.bj