Industrie Minière : Le Cameroun tarde encore à prendre son envol

Dans le sous-secteur de l’industrie minière,  aucun autre minerai n’est jusqu’ici exploité au niveau industriel au Cameroun en dehors des substances de carrière.  Cependant, l’exploitation artisanale et semi-mécanisée se déroule dans une grande opacité.

 

Au Cameroun, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), boussole stratégique pour l’atteinte des objectifs de développement, a inscrit le secteur minier parmi ses piliers favoris pour l’atteinte de ses objectifs de développement. Les activités exploratoires menées au Cameroun de 1960 à 1990 sur 40% du territoire national ont permis de relever que le Cameroun est doté d’un fort potentiel minier.

En dehors des substances de carrière qui sont exploitées à l’échelle industrielle, aucun autre minerai n’est exploité de manière industrielle. Cela est d’autant plus vrai que la visite de travail effectuée du 3 au 6 mai 2016 par l’ex-ministre en charge des Mines de l’industrie et du développement technologique Ernest Gbwaboubou, dans les sites miniers de Kambélé, localité proche de Batouri, dans la Kadey, et à Bétaré-Oya dans le Lom-et-Djerem, a laissé transparaître, l’image d’un secteur à la traîne.

« Depuis plusieurs années, il règne dans le secteur minier à l’Est, une sorte d’anarchie qui a un impact sur la contribution de ce secteur dans l’économie nationale », avait indiqué le ministre en son temps, lors de cette descente, au micro de nos confrères de Cameroun Tribune.

A la différence donc de l’industrie minière qui tarde à prendre son envol, le sous-secteur artisanal lui a connu un développement important, attribuable en partie au projet de mise en eau du barrage de Lom-Pangar qui a favorisé la semi-mécanisation. Si cette intervention a pu être salutaire pour le sauvetage de l’Or dans la zone d’ennoiement du barrage, l’expansion de ces entreprises semi-mécanisées hors de la zone circonscrite pour le sauvetage cause aujourd’hui de nombreux problèmes environnementaux et sociaux aussi bien pour les communautés riveraines que pour l’Etat qui bénéficient très peu de ces activités extractives. Toute chose qui pourrait justifier la mise sur pied d’un travail scientifique de terrain de l’organisation Forêt et Développement Rural (Foder).

Violation de la réglementation

Les études et constats effectués par FODER et autres acteurs montrent que l’exploitation artisanale et semi-mécanisée au Cameroun se déroule dans une grande opacité et en flagrante violation de la réglementation en vigueur. L’indice de gouvernance des ressources naturelles 2017 publié par Natural Resources Governance Institute (NRGI) indique que les conditions générales de gouvernance sont médiocres dans le secteur des ressources naturelles au regard de la note de 33/100 obtenu par le Cameroun, tandis que l’indice de perception de la corruption de Transparency International indique une note de 25/100 pour le Cameroun en 2017, soit largement  en dessous de la moyenne.

« Nous avons constaté que seuls 10 % de la production minière artisanale sont canalisés dans les circuits formels de l’économie nationale. Le reste est distrait dans les circuits clandestins et les réseaux de blanchiment d’argent sans paiement de taxes et sans retombées pour l’État et la population concernée », poursuivait l’ex-ministre des mines, dans ses constats amères de la dure réalité sur le terrain.

La comparaison des résultats de l’indice de gouvernance des ressources et l’indice de perception de corruption (CPI) montre clairement qu’il existe un lien très étroit entre les niveaux de transparence moins élevés dans le secteur extractif et les niveaux de corruption plus élevés. Les résultats montrent entre autres qu’en améliorant la gouvernance extractive, cela a des effets de levier positifs au-delà de la gestion des ressources naturelles.

Faible apport à l’économie nationale

La contribution du secteur minier (hors pétrole) à l’économie nationale reste très faible. Selon, le dernier rapport de conciliation ITIE Cameroun publié en 2017, les revenus générés par le secteur minier en 2015 sont de 1,746 Milliards de FCFA, pour une contribution de 0,26% au budget de l’Etat.

L’artisanat minier est pourtant un important vecteur de flux financiers. Mais à peine 10% de la production de l’Or et du Diamant issue de l’exploitation des artisans miniers sont canalisés dans le circuit formel. Les artisans miniers et leurs familles sont par ailleurs confrontés à d’importants défis et problèmes qui les rendent de plus en plus vulnérables.

Le Foder pour la bonne gouvernance

C’est tout le sens du récent séminaire atelier du  28 Mai 2019 dans la capitale camerounaise Yaoundé, porté par Forêts et Développement Rural (FODER) à travers la phase 2 du Projet Mines, Environnement, Santé et Société (ProMESS), dans l’optique de contribuer à l’amélioration de la gouvernance du secteur minier. En outillant toutes les parties prenantes au suivi participatif des activités minières et à la promotion de la transparence. Cette deuxième phase est mise en œuvre en collaboration avec Transparency International – Cameroon et bénéficie de l’appui financier de l’Union Européenne pour une durée de 48 mois. Et dont on espère n’en sera pas un projet de plus, parmi ces nombreux souvent lancés en grand pompe, sans véritable impact dans la vie de ces populations.

 

© Thierry Eba » Afrique-54.com  

 

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