Scandale à Douala : Du carburant frelaté dans une Station Tradex
Les automobilistes de la capitale économique ne cessent de fulminer, contre la société de Perrial Nyodog à cause des ennuis mécaniques engendrés par les produits servis à la pompe.
Les informations recueillies sur le terrain charrient des révélations troublantes au sujet de Tradex. On retient qu’en date du 30 avril 2018, des agents Tradex ont servi un carburant de qualité douteuse à une multitude de clients. Selon les témoins, le phénomène a touché plusieurs Stations Services Tradex de Douala notamment celle de Maképé, située au lieu-dit « Parcours Vita ». Le carburant vendu par la société du Directeur Général Jean Perrial Nyodog a causé des dommages importants dans les moteurs des véhicules. Les garagistes affirment que la plupart des automobilistes clients de Tradex ont sollicité leurs services après la consommation du fameux carburant Tradex. Ils étaient tous confrontés au même problème.
Le problème, c’est le carburant Tradex. Des langues soutiennent que ce carburant avait une forte teneur en eau. Le faux carburant a engendré une kyrielle de désagréments aux clients Tradex. On nous apprend que de vives disputes ont éclaté entre les agents de la Station Service de Maképé et certains clients Tradex abusés.
D’autres scènes inénarrables ont été enregistrées. Selon une source, un échantillon du carburant Tradex à problème a été testé par des experts du Ministère de l’Eau et de l’Energie (MINEE). Les résultats ont signalé une présence hydrique dans le carburant Tradex.
Magouille autour de l’affaire du carburant frelaté
Les plaintes déposées à la Gendarmerie Nationale contre la société Tradex n’ont pas eu de suite. Il nous a été rapporté que les actes de corruption de certains cadres de la société Tradex ont bloqué les poursuites judiciaires. Au regard de ces allégations, le journal « La Voix Des Décideurs » s’est rapproché de la Direction de Tradex pour en savoir davantage sur l’affaire du carburant frelaté. Dans la correspondance 776 TRADEX/SCOM/cm/18 du 16 août 2018, le Directeur Jean Perrial Nyodog accuse réception du message de la Voix Des Décideurs, portant recoupement des informations relatives au dossier du carburant dilué de Tradex.
Dans sa réponse au journal « La Voix Des Décideurs », Perrial Nyodog livre un flot d’informations sur ce qu’il convient d’appeler le scandale du carburant frelaté de Tradex. Le patron de Tradex souligne que dans le secteur pétrolier aval au Cameroun, la loi impose aux entreprises exploitant des stations services de procéder tous les 10 ans au rebarémage des cuves enterrées en station service. Nyodog précise qu’à la lumière de la réglementation, Tradex a effectué des travaux de rebarémage des cuves à la station service de Maképé, au lieu-dit Parcours Vita durant la dernière semaine d’avril 2018. Un ensemble d’opérations menées sur une cuve à gasoil ont produit des effets indésirables. On note par exemple, l’apparition de l’eau dans une autre, renfermant du super.
Réparation
Pour Tradex, l’incident technique a corrompu le super servi le 30 avril 2018 à la pompe. L’entreprise de Nyodog regrette avoir filé du carburant de mauvaise qualité à 13 clients. En guise de réparation 10 clients sur 13, ont bénéficié d’un curetage de réservoir et d’un plein de carburant. De l’avis de Jean Perrial Nyodog, un client Tradex propriétaire d’une voiture de type Mercedes a rejeté l’arrangement à l’amiable proposé par Tradex. L’homme a préféré s’attacher les services d’un mécanicien. Rappelé plus tard pour être dédommagé, ce client a finalement encaissé une somme de 150.000 FCFA de la part de Tradex. Le patron de Tradex signale que deux autres clients ont choisi le chemin de la justice au lieu d’enterrer la hache de guerre.
Le Directeur Perrial Nyodog a tenté en vain de trouver un terrain d’entente au cours d’une rencontre. Durant les échanges, le Directeur de Tradex a instruit ses collaborateurs de régler les factures des deux clients. Au sortir des négociations, chaque client a empoché un coupon de bons de carburant d’une valeur de 50.000 FCFA.
Avant de se retirer les plaignants ont fait la fine bouche, arguant que la réparation n’était pas proportionnelle aux désagréments. Cette attitude a conduit à la non-délivrance de chèque en faveur d’Ibrahim Munken Ndam qui réclamait plus de 355.000 FCFA, en guise de réparation. Depuis le 16 août 2018, un chèque d’un montant de 355.000 FCFA délivré au profit de Munken Ndam, est en souffrance à la trésorerie de la société Tradex.
Aveux et explications du Dg Perrial Nyodog
« Douala, le 16 août 2018
776TRADEX/SCOM/cm/18
Objet : Votre recoupement d’informations
Monsieur le Directeur de Publication
J’accuse réception ce 16 août 2018, de votre correspondance du 13 août 2018, portant recoupement d’informations, suite à une accusation de frelatage de carburant dans notre station-service TRADEX MAKEPE, et vous remercie pour cette démarche professionnelle.
Y faisant suite, j’ai le plaisir de vous communiquer par la présente, l’information complète sur cette situation fort regrettable.
En effet, la réglementation en vigueur dans le secteur de la distribution des produits pétroliers au Cameroun, impose aux entreprises exploitant un réseau de stations-service de procéder tous les 10 ans au rebarèmage des cuves enterrées en station-service.
Dans le respect de ladite règlementation, TRADEX a conduit des travaux de rebarèmage des cuves dans sa station-service sise à Makepe, lieu-dit Parcours Vita au cours de la dernière semaine du mois d’avril 2018. Dans le cadre de cette opération mise en œuvre par un sous-traitant expérimenté, des travaux sur une cuve de la station-station contenant du Gasoil ont provoqué des infiltrations d’eau dans une cuve voisine contenant du Super, entrainant des dysfonctionnements à la pompe reliée à ladite cuve et altérant la qualité du produit qui a malencontreusement été servi à 13 clients.
Sur le site, des dispositions ont été immédiatement prises pour réparer le préjudice causé à nos clients. Ainsi, 10 clients sur les 13 concernés ont-ils eu droit à une vidange de leur réservoir, accompagnée d’un plein de carburant. Un client propriétaire d’un véhicule de nouvelle génération de marque Mercedes, a préféré faire diagnostiquer et réparer son véhicule par un garagiste spécialisé. Il a été rappelé 2 jours plus tard par TRADEX, pour obtenir le remboursement des dépenses engagées pour la réparation de son véhicule, soit un montant de 150 000 FCFA, la facture de son mécanicien faisant foi.
Malheureusement, 2 clients parmi lesquels M. MUNKEN NDAM Ibrahim ont choisi la voie des tribunaux, en lieu et place d’un arrangement amiable. Ils ont déposé plainte auprès de la Légion de Gendarmerie de Bonandjo, unité auprès de laquelle l’affaire suit son cours.
De manière fort surprenante, ces 2 clients ayant refusé toute entente avec TRADEX, ont plus tard obtenu une audience avec le Directeur Général de TRADEX. Au cours de cette dernière, ils ont présenté la situation dont ils ont été victimes. Le Directeur Général de TRADEX leur a présenté les excuses de l’entreprise et instruit ses équipes de régler les factures présentées par ces 2 clients, sans avoir à soumettre celles-ci comme il est de coutume, à expertise indépendante.
Contre toute attente, une fois sortis du bureau du Directeur Général et après avoir chacun reçu en geste commercial un carnet de coupons carburants d’une valeur de 50 000 FCFA (cinquante mille francs CFA), les 2 clients se rétractent et disent attendre de TRADEX un dédommagement plus élevé que la somme mentionnée sur leur propre facture, qui de manière fort étonnante, s’élève à 355 000 FCFA (Trois cent cinquante-cinq mille francs CFA) pour chacune des voitures.
Monsieur MUNKEN NDAM Ibrahim appellera le Responsable Commercial de TRADEX en charge du dossier pour lui demander d’arrêter tout de suite de préparer son chèque, s’il ne compte payer que ce qui est inscrit sur la facture qu’il a lui-même déposée. L’autre cliente accepte finalement de percevoir ce qui est inscrit sur sa facture.
Rendus à ce jour du 16 août 2018, Monsieur MUNKEN NDAM Ibrahim est bénéficiaire d’un chèque de 355 000 FCFA, en souffrance auprès de la Trésorerie de TRADEX.
Nous vous rappelons à toutes fins utiles que TRADEX est une entreprise citoyenne, au service de la Nation camerounaise dont elle fait la fierté des populations. Elle ne saurait être mêlée de près ou de loin à des manipulations frauduleuses de produits pétroliers, encore moins à des actes de corruption des fonctionnaires et agents de l’Etat.
Nous réaffirmons notre indisponibilité à recevoir M. MUNKEN NDAM Ibrahim et à discuter des moyens de sortir de cette situation regrettable, par un dialogue franc et constructif.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur de Publication, mes salutations distinguées.Le Directeur Général
(é) Perrial Jean Nyodog »Recueillis par Marcien Essimi
Source : La Voix Des Décideurs, Edition n°042 du 26 Novembre 2018